Oda Jaune - Peintre à histoires

Pékin, 2003, Milan, 2007 et Venise, 2008. Jaune est à Immendorff ce que Frida Kahlo est à l’ogre Diego Rivera, ils ne font pas la même peinture, tant mieux. À son arrivée à Paris en 2008, cette artiste de 29 ans voit sa peinture narrative aussitôt exposée chez Templon. Lorsqu’on lui demande ce que ça lui fait d’être montrée si jeune dans une galerie aussi courue, Jaune répond qu’elle est fière de savoir que des Warhol, Stella et Arman sont passés par là.
Ce qui est surprenant avec Oda, c’est que cette jolie femme aux manières douces pratique une peinture violente. Ses huiles et aquarelles sont peuplées de monstres (hommes-troncs, ados bicéphales, femmes amputées…) renvoyant à la condition humaine. Sa grande famille d’êtres hybrides, toujours en manque, parle en fait d’amour. Goûtant fort à l’entre-deux, cette peintre du clair-obscur apprécie également Paris pour ça. Sous la surface rayonnante de la Ville lumière, l’imagière aime emprunter des coursives cachant des secrets, parfois inavouables. On aime sa peinture à tiroirs pour cela : on adore s’y perdre pour mieux s’y retrouver.