Espagne - Musée

Nuria Enguita quitte l’IVAM sous la pression

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 12 mars 2024 - 475 mots

VALENCE / ESPAGNE

La directrice de l’Institut valencien d’art moderne est accusée de conflits d’intérêts.

Nuria Enguita. © IVAM
Nuria Enguita.
© IVAM

Valence (Espagne). L’Institut valencien d’art moderne (IVAM) est de nouveau secoué par un scandale : Nuria Enguita (née en 1967), directrice du musée depuis 2020, a démissionné à la suite d’allégations de conflits d’intérêts, concernant sa donation de parcelles de terre à la fondation de l’un des membres du jury qui l’avait nommée à la tête du musée, trois mois après sa prise de fonction à l’IVAM.

Le ministère de la Culture de la Generalitat valencienne a déposé des documents le 20 février dernier, auprès du parquet qui affirment que les donations faites par Nuria Enguita à la Fondation Todolí Citrus – organisation à but non lucratif administrant un verger de plus de 50 000 m2 créé par Vicente Todolí, en 2014, dans sa ville natale de Palmera (Valence), pour l’étude et la diffusion des agrumes – pourraient constituer une infraction pénale dans l’exercice de fonctions publiques. Ancien directeur de la Tate Modern de Londres, Vicente Todolí a joué un rôle clé dans la création et la consolidation de l’IVAM en tant que directeur artistique du musée jusqu’en 1996, ce qui faisait de lui un membre éminent du jury international de huit personnes ayant nommé Enguita en 2020. L’ancienne directrice et le juré ont travaillé ensemble à plusieurs reprises par le passé, lorsqu’elle était commissaire à l’IVAM et lui directeur artistique, de 1991 à 1996, puis récemment au centre culturel Bombas Gens (Valence), où elle était directrice et Todolí conseiller artistique.

Nuria Enguita dénonce une « campagne de diffamation »à son encontre, expliquant que le don des deux parcelles fait partie d’une campagne de financement participatif lancée par la Fondation Todolí Citrus, dans le but de sauver un patrimoine ethnologique de terrasses en pierre sèche, à laquelle ont participé 25 personnes, parmi lesquelles plusieurs connaissances de Todolí issus du monde de l’art, tels que Maurizio Cattelan, Nan Goldin et Carmen Calvo. Les parcelles de terre, acquises par Nuria Enguita en 1999, d’une valeur de 10 000 euros, se situent dans la vallée d’Alicante de la Gallinera et seraient laissées à l’abandon car rustiques et arides. Un millier de personnalités du monde de la culture, tels que Jordi Teixidor, Juan Uslé, Teresa Lanceta et Luis Gordillo, ont rapidement signé un manifeste de soutien à l’égard de l’ancienne directrice.

Le plus important centre d’art contemporain valencien avait été touché récemment par une polémique concernant Consuelo Císcar, directrice du musée entre 2004 et 2014, condamnée en août 2020 à un an et demi de prison et à deux ans et demi d’interdiction d’exercer un emploi ou une fonction publique à Valence, pour détournement de fonds publics au profit de la carrière de son fils, l’artiste Rablaci. Elle avait été acquittée en 2021 dans une seconde affaire de détournements de fonds dans le cadre de ses fonctions de directrice.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°628 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Nuria Enguita quitte l’IVAM sous la pression

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque