Les galeries new-yorkaises sont un peu plus nombreuses cette année à la Fiac qu’à Frieze London, illustrant l’attraction croissante de la foire française. Les Londoniennes Frieze et Frieze Masters pèsent pourtant plus lourd.
Les galeries new-yorkaises sont légèrement plus nombreuses à la Fiac cette année qu’à Frieze (28 et 24 respectivement). Si l’on prend en compte Frieze Masters, la foire fondée en 2012 et consacrée à l’art ancien et moderne, il faut ajouter une bonne trentaine de galeries new-yorkaises au compte de Londres. Mais dans le domaine de l’art contemporain, il est clair que la foire parisienne attire nombre de galeries new-yorkaises, qui la considèrent comme un moyen important de présenter leurs artistes aux collectionneurs européens. Plusieurs grandes galeries new-yorkaises se rendent à la fois à la Fiac et à Frieze cette année, parmi lesquelles Gagosian, David Zwirner Pace, et Lehmann Maupin, ces deux dernières revenant après une brève absence. Comme l’explique Arne Glimcher, le fondateur de Pace Gallery (New York, Londres), « beaucoup d’Européens, par exemple ceux qui habitent en Suisse et en Allemagne, ne vont pas à New York ou à Londres pour voir des expositions, alors quand la galerie expose ses artistes [à la Fiac], tout le monde a l’occasion de voir ce qui est en cours de développement ». De même, David Maupin, de Lehmann Maupin Gallery (New York, Hongkong), qui revient à la Fiac cette année, relève la « proximité de la Belgique et ses collectionneurs », outre le fait que « l’Allemagne n’est pas loin ».
Le cadre du Grand Palais et l’importance culturelle de Paris jouent également un rôle-clé. Nombre de galeristes new-yorkais admirent la verrière du Grand Palais. Selon Anthony Allen, directeur associé à la Paula Cooper Gallery, qui expose ses artistes à la Fiac depuis bientôt sept ans, « l’espace immense et ensoleillé du Grand Palais fait plaisir aux exposants ainsi qu’aux visiteurs ». Olivier Babin, un Français qui a fondé la galerie Clearing à Brooklyn en 2011, a trouvé la Fiac « très bien organisée » en 2012, y appréciant également « un stand de laquelle on voyait la tour Eiffel ».
Les galeries relient quelquefois la programmation de leur stand à ce qui se passe sur le plan culturel à Paris au moment de la foire, comme la Paula Cooper Gallery, qui présente des œuvres de Robert Wilson avant son exposition au Louvre et sa participation au Festival d’Automne. La jeune galerie Essex Street montre quant à elle des tableaux d’un peintre américain, Caleb Considine, qui s’inscrit dans la lignée de Félix Vallotton, lequel bénéficie simultanément d’une rétrospective au Grand Palais.
Des expositions adaptées au contexte local
Des facteurs divers influencent la programmation, mais les galeristes new-yorkais considèrent généralement les foires comme une extension de ce qui se passe entre les murs de leurs galeries. Selon Adam Sheffer, l’un des directeurs de la Cheim & Read Gallery, chaque foire donne lieu à « une exposition collective très réfléchie, très intense, qui est adaptée à la géographie, à l’endroit où nous nous trouvons ou aux paramètres de l’espace d’exposition ». La David Zwirner Gallery propose quant à elle pour l’édition 2013 un programme varié avec neuf artistes parmi lesquels figurent des artistes américains tels que Donald Judd et Raymond Pettibon ou les peintres belges Francis Alÿs et Luc Tuymans. La galerie participe à une quinzaine de foires par an. « Nous envisageons toutes les foires de façon collective, en réfléchissant à ce que nous allons exposer en Amérique du Sud, par exemple », explique Julia Joern, la directrice marketing de la galerie.
Les galeries exposent fréquemment des œuvres de tous leurs artistes ou presque (c’est le cas pour 303 Gallery, Gavin Brown’s enterprise, Gladstone Gallery, Matthew Marks Gallery, Metro Pictures et Andrea Rosen Gallery). Certaines, à l’inverse, adoptent l’approche monographique, comme la Greene Naftali Gallery. Celle-ci consacre son stand de la Fiac au peintre allemand Michael Krebber, qui a fait l’objet d’une exposition fin 2012-début 2013 au CAPC, Musée d’art contemporain de Bordeaux. La Marian Goodman Gallery (New York, Paris) expose six artistes, parmi lesquels se trouvent les Français Pierre Huyghe [exposé actuellement au Centre Pompidou] et Annette Messager.
La préférence à Paris Photo
On peut constater aussi une hausse de la cote du salon Paris Photo auprès des galeries new-yorkaises. Après une première participation en 2012, David Zwirner y revient en 2013, et la 303 Gallery y expose pour la première fois. La Cheim & Read Gallery a même décidé cette année de substituer Paris Photo à la Fiac. « Nous adorons la Fiac, nous en avons une très bonne expérience, assure Adam Sheffer. Mais en exposant à Paris Photo, nous pourrons mettre en avant beaucoup de nos artistes travaillant dans la photographie, comme William Eggleston ou Jenny Holzer. »
C’est un agenda surchargé pour ceux qui participent à Frieze London et à la Fiac…, et plus encore pour ceux qui, à l’instar de David Zwirner, Gagosian et Tina Kim, y rajoutent Frieze Masters. Mais c’est un rythme qui ne fait que s’accélérer. « Franchement, il y a trop de foires, confie Arne Glimcher, de la Pace Gallery. Les collectionneurs importants avaient l’habitude de venir à la galerie plus fréquemment. Maintenant on les voit une ou deux fois par an lors des foires. Les collectionneurs perdent la perception du processus du travail d’un artiste. »
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New York en nombre à la Fiac
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°399 du 18 octobre 2013, avec le titre suivant : New York en nombre à la Fiac