Christian Nagel fait partie des marchands qui ont quitté \"Art Cologne\" l’année dernière pour participer à la nouvelle foire \"Art Forum Berlin\". Directeur de la galerie Nagel, qui représente de jeunes artistes de la fin des années quatre-vingt et des années quatre-vingt-dix, il a été, de 1992 à 1995, l’organisateur d’\"Unfair\", la \"foire off\" de Cologne, intégrée en 1994 à la manifestation officielle et réservée aux jeunes galeries. Pourtant, même s’il apprécie le climat dynamique et international qui règne à Berlin, sa galerie reste à Cologne, estimant que la cité rhénane demeure, par tradition, l’une des grandes capitales européenne pour l’art contemporain.
Quelle est la différence entre Cologne et Berlin ?
Sur le plan international, Berlin est sans aucun doute l’endroit où il faut être, mais en termes de production, les artistes qui travaillent à Cologne et à Düsseldorf sont plus importants. Je pense notamment à Gerhard Richter, à Sigmar Polke et à Rosemarie Trockel.
Les deux villes sont-elles complémentaires ou concurrentes ?
Il ne faut pas perdre de vue que Berlin doit encore faire ses preuves sur la durée. Si l’on compare la situation actuelle à celle d’il y a cinq ans, les choses bougent vraiment. Mais en y regardant de plus près, beaucoup de galeries du quartier du Mitte sont assez médiocres. La plupart des collectionneurs, à l’exception des Hoffman, sont restés à Cologne. Il est important de garder à l’esprit les différences entre les deux villes. Cologne est au cœur de la Rhénanie et son activité artistique n’a cessé de se développer depuis quarante ans. Ici, les gens sont sensibilisés à l’art, c’est un domaine qui les intéresse. On ne peut pas balayer tout cela d’un seul coup. À Berlin, beaucoup d’habitants viennent de l’extérieur. La ville n’a pas encore forgé son identité. C’est un lieu nouveau qui fascine les gens, et je pense que nous devons le respecter. Mais je ne crois pas que Berlin pourra absorber les autres centres artistiques d’Allemagne. N’oublions pas que nous vivons dans un pays fédéral et que chaque région a ses grandes villes. Il n’y a pas une capitale pour tout le pays, comme en France ou en Angleterre.
Berlin semble attirer la jeune génération à la pointe de l’innovation, alors que Cologne accueillerait plutôt les valeurs sûres ?
Il est bien évident que beaucoup de jeunes artistes sont attirés par Berlin. Mais le Musée Ludwig de Cologne a depuis peu un nouveau directeur, Jochen Poetter, qui s’intéresse beaucoup plus aux artistes de la nouvelle génération. Nous pensons que ce musée va ainsi asseoir encore davantage sa position de leader en matière de nouvelles tendances artistiques.
Y a-t-il une rivalité entre les deux villes ?
Oui, de la part de Cologne qui considère Berlin comme sa rivale. Un collectionneur de Cologne est venu me voir à la galerie et m’a dit que si j’exposais à Berlin, il cesserait de me soutenir ! Je pense que certaines galeries plus anciennes devraient être plus vigilantes. Mais les nouvelles galeries et les jeunes artistes sont plus ouverts et souhaitent des relations plus souples, favorisant les déplacements sur le plan international. Un nouveau centre artistique à Berlin ne peut que les aider dans cette direction.
Pensez-vous que Berlin soit une passerelle entre l’Europe de l’Est et celle de l’Ouest ?
Je n’en suis pas encore convaincu. Il n’y a pas beaucoup de relations entre les deux communautés. Pour la première fois, je vais présenter de jeunes artistes est-allemands (Olaf Nicolai et Matthias Holch) à la foire de Berlin. Et ce qui est très intéressant, c’est que leur travail est une critique du développement de l’Allemagne de l’Est après la réunification.
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« On ne peut pas tout balayer d’un seul coup »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : « On ne peut pas tout balayer d’un seul coup »