Mathias Rastorfer est l’un des directeurs de la galerie Gmurzynska à Cologne, qui compte parmi les plus renommées d’Allemagne pour l’art du XXe siècle. Également installée à Zoug, en Suisse, elle est spécialisée dans l’avant-garde russe et l’art moderne, de Picasso aux artistes du début des années soixante-dix. Le galeriste est convaincu que la foire d’art contemporain \"Art Cologne\" va continuer sa progression, à condition d’opérer des réformes et de renforcer son système de sélection. Il estime en revanche que celle de Berlin mettra du temps à s’imposer.
Que pensez-vous de la foire d’art contemporain de Cologne ?
Lorsqu’une foire a une telle renommée, il vaut mieux ne pas la segmenter en deux ou trois événements, comme ce fut le cas à Paris, Bâle et Chicago. Il y trop de foires, dans trop de villes, il est donc inévitable que de moins en moins de collectionneurs puissent se rendre à toutes. La foire d’art de Francfort n’a jamais pris son envol et je pense que Berlin devrait en tenir compte. En séparant une foire en deux, on disperse l’attention du public.
Ne pensez-vous pas que Berlin soit une concurrente directe ?
Non. Cologne est la plus ancienne de toutes les foires pour l’art du XXe siècle. Je crois qu’il est essentiel de réformer la manifestation de l’intérieur. En premier lieu, nous devrions abandonner l’idée que l’art est démocratique. Il faut être dictatorial dans la sélection des œuvres. Cela a toujours été un problème à Cologne : toutes les galeries revendiquent le droit d’y participer du fait leur longue présence plutôt qu’en vertu de la qualité des pièces qu’elles présentent. Une sélection sévère entraîne une limitation du nombre des œuvres et assure la cohésion de la foire. Cette année, nous avons mis en place une nouvelle procédure plus stricte qui, je l’espère, portera ses fruits. Je pense également qu’il faut respecter la personnalité de chacun des exposants. Les stands devraient être conçus en fonction des œuvres, et les exposants devraient bénéficier de plus de liberté et de facilités afin que l’art puisse être mis en valeur dans les meilleures conditions.
Berlin deviendra-t-elle une nouvelle capitale artistique ?
Berlin deviendra sans doute un haut lieu artistique, mais pas avant cinq ou dix ans, lorsque la ville s’intéressera à autre chose qu’à la politique et à l’immobilier ! Elle ne dispose pas non plus du potentiel considérable de collectionneurs que nous avons en Rhénanie. Pour l’instant, Berlin est un lieu de rencontres.
Pourquoi la région de Cologne abrite-t-elle une telle concentration d’artistes, de collectionneurs et de musées ?
Cologne n’est pas la plus belle ville d’Allemagne, mais son climat culturel est des plus stimulants. Si les artistes aiment Cologne, c’est davantage pour sa tolérance, son cynisme et sa tendance à la controverse que pour sa beauté ou son charme. En ce qui concerne les collectionneurs, Cologne a une longue histoire de prospérité industrielle. Depuis l’époque romaine, sa situation sur la rive gauche du Rhin en a fait un centre de commerce important aux ramifications internationales.
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« Les collectionneurs sont plus nombreux en Rhénanie »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : « Les collectionneurs sont plus nombreux en Rhénanie »