LYON
L’ex-maire adjointe à la Culture de Lyon, qui a été démise de sa délégation explique ses projets pour le Musée Guimet.
Maire du 1er arrdt de Lyon durant 20 ans, Nathalie Perrin-Gilbert est membre de la coalition de gauche qui a porté le maire Grégory Doucet (EELV) à l’hôtel de ville en 2020. Transfuge du PS, puis indépendante au sein de son association GRAM (Groupe de réflexion et d’actions métropolitaines), elle était maire adjointe à la Culture depuis 2020. A la suite de nombreux désaccords avec ses collègues écologistes, elle perd sa délégation à la Culture le 13 mai dernier. Elle revient pour Le Journal des Arts sur ses projets pour le Musée Guimet, fermé depuis 2007, dossier qui a mis le feu aux poudres entre l’élue et les écologistes.
Quels sont les désaccords qui ont amené à cette rupture avec les écologistes ?
Le maire évoque ma décision de ne pas renouveler le directeur général du Conservatoire. Je pense que ceci n’est qu’un prétexte, car de manière plus profonde nous divergeons sur notre conception de la politique publique culturelle, avec une expression publique de ma part dans le cadre du conseil municipal. Nous nous sommes notamment opposées sur le Musée Guimet, dès la première réunion sur le sujet le 9 décembre 2022, lorsque le cabinet du maire évoquait une délégation de service publique, ou une cession. A ce moment, l’hypothèse d’un maintien dans le giron public n’existait pas. J’ai donc demandé, de façon un peu forte, que soit réintroduit le scénario d’une gestion totalement publique. Le 14 septembre 2023, une nouvelle réunion se tient, et je constate qu’il n’y a eu guère d’avancée, on repart sous forme « d’ateliers ». Et j’entends des expressions qui me font bondir : « que garde-t-on de Guimet », « vendre le site au plus offrant ». Face à ce manque de dynamique, je suis intervenue lors du Conseil municipal suivant pour proposer un projet autour de l’image et de la photographie.
Qu’est-ce que ce projet de Palais des Images ?
J’ai réfléchi à partir de volumes, 16 000 mètres carrés en cœur de ville, c’est assez exceptionnel, et en repartant de l’esprit des lieux. Je me suis aussi demandé de quoi Lyon manque : historiquement, c’est d’un lieu pour la photographie. Lyon a été, avant Paris, le siège de la Fondation nationale pour la photographie, de 1878 à 1993, dont une grande partie du fonds est à la bibliothèque municipale. Nous avons donc des collections nationales dont on ne fait pas grand-chose. J’ai aussi rencontré Joris Mathieu, directeur du Théâtre Nouvelle Génération de Vaise, en pointe sur les formes immersives et l’utilisation des nouvelles technologies sur scène. Je me dis que Guimet devrait réunir tout ça, un projet partant de l’image, entre art et sciences.
Vous avez également évoqué « Le musée sentimental », une grande exposition coproduite avec le Centre Pompidou dans le musée Guimet… Qu’en est-il ?
Nous avons déjà fait deux expositions temporaires dans Guimet, pour la Biennale de Lyon, puis sur Shepard Fairey, lesquelles nous ont permis de vérifier l’attachement des Lyonnais à ce lieu. Pour rentrer dans un cycle d’exposition régulière, la commission de sécurité exige des travaux, que j’ai demandé à faire chiffrer : 2 millions pour la mise aux normes. Sur un plan pluriannuel d’investissement de la Ville qui s’élève à 1,2 milliard, on peut trouver cette somme. Parallèlement nous avons mené des réunions avec les équipes du Centre Pompidou sur ce « Musée Sentimental », avec le cabinet du maire qui a été tenu informé. Lorsque le Centre a demandé s’il pouvait communiquer sur ce projet, la direction des affaires culturelles de la ville a donné son aval. Malgré cela, j’ai été recadré sur les réseaux sociaux, alors que ce dossier a été mené en transparence ! J’ai aussi imaginé des choses plus commerciales, qui peuvent susciter des recettes, comme faire venir la proposition de Tim Burton au Musée du cinéma de Turin, que j’ai vue, et qui fonctionnerait très bien dans la grande salle de Guimet.
Tout en restant dans la majorité, vous ne faites plus partie de l’exécutif. Allez vous continuer à porter ce dossier du Musée Guimet ?
En tant que conseillère municipale, oui. Je pourrais devenir une opposante au maire si une vente, ou une délégation de service public de Guimet se profilait. Je lutte pour que le bâtiment, partagé en quatre parcelles, ne soit pas démembré. Les services de la ville ont estimé à 40 millions une réhabilitation du musée. Avec tous les partenaires publics, ce serait faisable. Une autre hypothèse serait celle d’un partenariat public privé, avec la création d’une Fondation privée.
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Nathalie Perrin-Gilbert : « Je pourrais devenir une opposante si une vente de Guimet se profilait »
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