Un historien italien affirme avoir découvert quel est le pont représenté derrière l’épaule de Monna Lisa.
Laterina. Le sourire de La Joconde n’est pas le seul élément énigmatique de la célèbre toile de Léonard de Vinci. Le paysage représenté derrière la jeune femme fait depuis des années l’objet de débats animés pour essayer de percer son mystère. Peut-on clairement l’identifier ou est-il le fruit de la fantaisie du peintre ? Un historien italien apporte une réponse précise. Selon Silvano Vinceti, l’arrière-plan de la toile est une vue de la commune de Laterina, dans la province d’Arezzo, au sud de Florence. Pour lui, aucun doute, le pont en pierre derrière l’épaule gauche de Monna Lisa serait le pont Romito di Laterina, aujourd’hui partiellement détruit. Voici une nouvelle pierre apportée à l’édifice des spéculations sur le tableau. Si un consensus semble trouvé sur le fleuve dépeint, souvent considéré comme étant l’Arno, la boucle précise qui a inspiré le Maestro continue d’agiter les eaux de la communauté scientifique. Jamais le décor d’un tableau n’aura ainsi été aussi discuté. On pourrait faire un tour d’Italie en égrenant la liste des ponts potentiellement représentés. Pont Buriano en Toscane, pont de Gropparello ou de Bobbio en Émilie-Romagne, d’Azzone Visconti en Lombardie…
Silvano Vinceti est, lui, catégorique. Son assurance repose sur le nombre d’arches représentées sur le tableau, quatre en l’occurrence, identiques à celles du pont Romito di Laterina. Léonard, qui vivait à proximité de ce pont à l’époque où il a peint le tableau, l’aurait ainsi emprunté pour raccourcir son trajet d’Arezzo à Florence. L’« expert » s’est rendu célèbre en affirmant avec le même aplomb avoir « retrouvé » les ossements de Pétrarque, de Jean Pic de la Mirandole et de la première concernée dans La Joconde : Lisa Gherardini, dite « Monna Lisa ». Il s’appuie sur des documents historiques et des photos prises par des drones.
D’après Martin Kemp, professeur émérite à l’université d’Oxford et spécialiste de l’œuvre de Léonard, ce dernier désirait recréer la nature à partir de sa compréhension des mécanismes qui la régulent. Un paysage idéal et non la « photographie » d’un endroit précis. Toute autre hypothèse doit ainsi être écoutée avec un sourire jocondien.
La signature de Léonard, marque déposée
Milan. Léonard n’est plus seulement un grand nom de l’histoire de l’art italienne, c’est désormais une marque du Made in Italy. Sa signature « Io Leonardo », présente dans l’un des manuscrits du Codex Atlanticus conservé à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, a été déposée comme une marque. L’institution qui la détient entend ainsi protéger la « propriété intellectuelle d’un objet d’indiscutables prestige et beauté pour le défendre contre un usage qui pourrait être impropre ». Une référence à peine voilée au détournement de la célèbre Vénus de Sandro Botticelli dans une campagne de promotion touristique qui a suscité une polémique et de violents sarcasmes. La bibliothèque Ambrosienne ne sera sûrement pas épargnée par les critiques puisqu’elle annonce vouloir contrôler « les collections d’objets qui s’inspireront du génie de Léonard de Vinci ».
Olivier Tosseri, correspondant à Rome
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L’identification du paysage de « La Joconde » refait débat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°611 du 12 mai 2023, avec le titre suivant : L’identification du paysage de « la Joconde » refait débat