MOSCOU / RUSSIE
Les activistes russes ont brièvement interrompu la finale du match de football qui opposait la France à la Croatie.
Jamais l’art contemporain russe ne s’était offert une couverture médiatique aussi importante. En surgissant 30 secondes sur le terrain de football de la finale de la coupe du monde dimanche, les quatre « artivistes » du groupe Pussy Riot vêtus d’un uniforme de policier ont été vus en direct par près d’un cinquième de la population mondiale.
Certes, les caméras de la FIFA ont promptement caché la performance imprévue en diffusant d’autres images du match. Seule une faible fraction des spectateurs a entendu parler des Pussy Riot et encore bien moins sauront qu’il s’agissait d’une action baptisée « le policier entre en jeu » dirigée contre l’État policier de Vladimir Poutine. La page Facebook du groupe explique que la performance intervient « 11 ans jour pour jour après le décès du grand poète [et artiste] russe Dmitri Prigov. Prigov a intégré dans la culture russe le concept du policier céleste, pilier de la nation ».
Par opposition au policier terrestre, qui « disperse les rassemblements et reste indifférent à la grève de la faim d’Oleg Sentsov [prisonnier politique ukrainien], le policier céleste caresse les fleurs et jouit des victoires de l'équipe de football russe (…), sublime le splendide carnaval de la Coupe du monde et nous rappelle ses potentialités dans la Grande Russie de l'avenir, tandis que le policier terrestre, entrant dans le jeu impitoyable, met en pièce notre monde ».
Restera dans les mémoires l’image d’une « policière céleste » frappant dans les mains de Mbappé. Avant que la réalité ne prenne le dessus, avec une Russie produisant inlassablement le spectacle de la répression policière.
Toujours sur sa page Facebook, le groupe Pussy Riot exprime sept demandes au pouvoir russe : libérer tous les prisonniers politiques, cesser d’emprisonner pour des “like”, arrêter les détentions illégales lors des rassemblements, autoriser la concurrence politique dans le pays, la fin des affaires criminelles fabriquées et « la transformation du policier terrestre en policier céleste ».
La police (terrestre), qui a gardé plus de sept heures au poste les quatre membres de Pussy Riot, a ouvert contre eux des poursuites judiciaires. Elles risquent chacune une amende de 10 000 roubles (140 euros) et 160 heures de travail obligatoire. Dans une vidéo publiée par un policier, on entend l’un d’eux déclarer au leader des Pussy Riot Piotr Verzilov : « Je regrette qu’on ne soit pas en 1937 », faisant référence aux exécutions massives menées par Joseph Staline.
Sur décision de justice, les quatre membres des Pussy Riot intervenus lors du match France-Croatie en Russie sont placés en prison pour une rétention administrative de 15 jours et se voient interdire l’accès aux événements sportifs pendant une période de 3 ans.
Parmi les membres présents lors de l’intervention se trouvaient trois femmes, Olga Pakhtusova, Olga Kurachova, Veronica Nikulshina, et un homme, Pyotr Verzilov.
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Les Pussy Riot en finale de la Coupe du monde
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