Septième et dernière grande manifestation de ce type à se tenir à Paris et en France, après celles de 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900, l’Exposition internationale de 1937 restera, avec près de quarante-quatre nations représentées et trente et un millions de visiteurs, comme un événement international de premier plan.
Organisée autour du thème des arts et des techniques, l’idée de l’Exposition fut lancée dans le but de soutenir la production des métiers d’art qui résistaient mal à la raréfaction de la commande privée, touchée par la crise mondiale. Économique, l’enjeu était aussi culturel et nationaliste, l’artisanat de luxe étant considéré comme une des productions traditionnelles de prestige de la France. Deux autres thèmes étaient associés : celui, vaste, de la coopération intellectuelle de l’humanité, et celui de la vie paysanne et ouvrière, qui se traduira essentiellement dans l’Exposition par un centre rural. Mais avec quelque trois cents palais et pavillons construits pour l’occasion, c’est surtout par son existence architecturale que l’Exposition marquera son temps. La volonté de diversité était présente chez la plupart des participants, mais aussi celle d’exprimer l’esprit national d’une manière contemporaine. Ainsi, le pavillon de la Finlande, tout en bois, conçu par Alvar Aalto, exprimait une modernité scandinave, celui de la Tchécoslovaquie, tout en verre et en métal, l’essor industriel du pays. Incontestablement, l’expression de la volonté de puissance était prédominante pour certaines nations.
L’Exposition de 1937 restera ainsi marquée par le célèbre face-à-face des pavillons allemand et soviétique, sinistre prélude à l’explosion de violence guerrière qui interviendra à peine deux ans plus tard. Au sortir du pavillon de l’Espagne où il vient de découvrir le Guernica de Picasso, Michel Leiris écrit pour les Cahiers d’art un « Faire-part » : « En un rectangle noir et blanc, telle que nous apparaît l’antique tragédie, Picasso nous envoie notre lettre de deuil : tout ce que nous aimons va mourir, et c’est pourquoi il était à ce point nécessaire que tout ce que nous aimons se résumât, comme l’effusion des grands adieux, en quelque chose d’inoubliablement beau ».
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L’effusion des grands adieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : L’effusion des grands adieux