VATICAN
Un éditeur italien aurait vendu illégalement des droits de reproduction de chefs-d’œuvre appartenant aux Musées du Vatican.
Rome. « Vol High Tech au Vatican. » C’est ainsi que la presse transalpine a baptisé une affaire qui ne concerne pas des œuvres physiques mais la licence pour reproduire leur image. Elle a été révélée en décembre dernier par le média américain Daily Wire. « C’est un vol avec préméditation au détriment des Musées du Vatican sous le couvert de fausses licences », estime l’avocate new-yorkaise Sarah Rose Speno qui a dénoncé une « arnaque ». Elle affirme avoir découvert le sujet en mars dernier. Son client, Museum Masters International (MMI), installé à New York, cherchait à obtenir des droits de reproduction d’œuvres du Vatican pour un livre virtuel et une exposition immersive. Sarah Rose Speno contacte donc Scripta Maneant qui les avait obtenus en 2015 pour un luxueux livre haut de gamme (vendu 22 000 dollars [*]) rassemblant des photographies en très haute résolution de la chapelle Sixtine.
Scripta Maneant, une maison d’éditions de Bologne vantant ses liens avec Monseigneur Paolo Nicolini, vice-directeur des Musées du Vatican, demande alors à MMI une avance de 82 500 dollars sur un montant total de 550 000 dollars. À sa demande d’une preuve que Scripta Maneant est bien autorisée à négocier ces droits, l’avocate américaine se serait vu répondre qu’elle l’obtiendrait « si et seulement si » elle versait l’avance exigée. « Ce stratagème n’est rien de moins qu’un cambriolage des Musées du Vatican sous le déguisement de fausses licences, comme s’il était approuvé par le Vatican », explique l’avocate. Elle pointe une usurpation des droits de l’État du Saint-Siège pour détourner de l’argent au profit de cette maison d’éditions.
« Scripta Maneant n’a jamais prétendu et ne prétendra jamais pouvoir attribuer une image ou une licence d’image à qui que ce soit », a cependant déclaré le PDG de Scripta Maneant, Giorgio Armaroli, dans un communiqué. Contacté par le Daily Wire, Monseigneur Paolo Nicolini confirme qu’il n’a jamais autorisé Scripta Maneant à négocier les droits sur les œuvres d’art du Vatican. Les droits vendus en 2015 ne concernent qu’un ouvrage à tirage limité et non une large utilisation mondiale. Giorgio Armaroli juge ces « accusations diffamatoires » et se réserve le droit d’intenter un procès à leurs auteurs.
Curieusement, MMI, qui a cessé de travailler avec l’avocate Sarah Rose Speno, à la suite de l’échec de la négociation pour obtenir l’autorisation légale de publication des photographies, refuse d’être impliqué dans cette affaire. Le pape François veut désormais que toute la lumière soit faite sur la gestion des droits à l’image des plus de 70 000 œuvres d’art de ses musées. Il entend les gérer directement sans passer par des tiers.
(*) Contrairement à ce que nous avons écrit dans le JdA n°602, le prix du luxueux livre est de 22 000 $ et non de 2 000 $.
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Le Vatican a-t-il été escroqué par une maison d’éditions ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°602 du 6 janvier 2023, avec le titre suivant : Le Vatican a-t-il été escroqué par une maison d’éditions ?