PARIS
Peu d’éligibles ont activé leur compte et les bénéficiaires donnent le sentiment de profiter d’un effet d’aubaine.
Annoncé pour fin septembre, le point d’étape sur l’expérimentation du pass culture n’a finalement été rendu public que fin novembre. On comprend pourquoi : les premiers chiffres concernant la réception du pass par les jeunes ne sont pas très encourageants. Alors que 50 % des bénéficiaires de la première phase ont activé leur compte, ils n’étaient plus que 23 % dans la seconde phase d’élargissement. Déjà faible pour la première phase alors que les 10 000 jeunes avaient reçu une information personnelle, ce taux est encore plus faible pour les 150 000 éligibles dans les quatorze départements ouverts.
Comment expliquer que si peu de jeunes de 18 ans ne veulent pas profiter de leur bon d’achat de 500 euros qui ne les engage à rien ? L’explication est sans doute à chercher du côté de la notoriété du programme, encore peu connu et difficile à appréhender. Particulièrement chez les jeunes chômeurs, employés ou en apprentissage, qui représentent 29 % de cette classe d’âge et qui ne sont que 8 % de ceux qui ont activé leur compte.
En revanche, c’est quasiment le trop-plein du côté des offreurs qui sont près de 2 700 à proposer places de théâtre, livres et abonnements numériques. Mieux sensibilisées, les structures culturelles sont nombreuses à proposer des offres, d’autant – et c’est à mettre au crédit du pass – qu’il est très facile de participer. Trop donc, car certains éditeurs en ont profité pour mettre tout leur catalogue en ligne, noyant littéralement la consultation dans l’application. Voulant s’inspirer d’Instagram et de Tinder, l’interface propose à l’utilisateur de faire défiler les milliers d’offres dont la plupart sont peu explicites au premier abord.
Pas étonnant donc que le livre (des mangas à la Princesse de Clèves) ressorte en tête avec 45 % des réservations, suivi des places de concert (12 %) et des abonnements à de la musique en ligne (11 %). À ce stade, il est encore impossible de savoir si le pass a incité un nombre significatif de bénéficiaires à réserver une activité culturelle plus exigeante que leur consommation habituelle de culture, ce qui est l’objectif du programme.
Une nouvelle évaluation du pass sera réalisée au printemps 2020, dont on lit entre les lignes qu’elle sera déterminante pour l’avenir du programme, c’est-à-dire sa généralisation, ou pas, dans toute la France.
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Le pass Culture peine à convaincre les jeunes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°534 du 29 novembre 2019, avec le titre suivant : Le pass Culture peine à convaincre les jeunes