TOKYO / JAPON
Une exposition d'art censuré doit rouvrir mardi au Japon pour quelques jours seulement, deux mois après avoir fermé en raison de menaces de violences motivées par une œuvre évoquant une esclave sexuelle de l'armée impériale japonaise.
Parmi les pièces exposées dans cette exposition d'art sur la liberté d'expression, dans le cadre du festival de la Triennale d'Aichi 2019, figure une statue d'une jeune fille en costume traditionnel coréen assise sur une chaise. Elle symbolise les femmes enrôlées de force dans les bordels de l'armée nippone pendant la Seconde Guerre mondiale et appelées par euphémisme "femmes de réconfort" par le Japon.
L'exposition avait dû être fermée début août, trois jours après avoir ouvert. Elle rouvre mardi à l'identique après l'introduction de nouvelles mesures de sécurité et de guides et programmes éducatifs pour les visiteurs, ont indiqué les organisateurs. Cette exposition était censée montrer des œuvres censurées ailleurs dans le monde et devait au départ durer 75 jours.
La statue en question a suscité la controverse dans un contexte de détérioration des relations entre Tokyo et Séoul. Le gouvernement japonais a retiré ses subventions au projet, accusant la préfecture d'Aichi (sud du Japon) de ne pas l'avoir complètement informé à l'avance. La réouverture intervient une semaine seulement avant la clôture de la Triennale d'Aichi.
"Je veux terminer à l'amiable cette Triennale d'Aichi, un des plus importants festivals d'art du Japon", a déclaré lundi soir le gouverneur de cette région, Hideaki Omura. Il avait dit en août avoir reçu plusieurs courriels, appels téléphoniques et fax menaçants au sujet de l'exposition.
Selon les historiens, quelque 200.000 femmes, principalement de Corée mais aussi d'autres parties d'Asie, ont été forcées de travailler dans des maisons de prostitution militaires japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces dernières années, des militants ont érigé des dizaines de statues dans des lieux publics à travers le monde, dont beaucoup en Corée du Sud, en l'honneur des victimes.
Ces oeuvres provoquent la fureur des autorités japonaises, qui se sont aussi indigné du fait que des tribunaux sud-coréens exigent d'entreprises nippones qu'elles dédommagent des Sud-Coréens qui avaient été forcés de travailler dans leurs usines durant la colonisation japonaise de la péninsule coréenne (1910-1945). Tokyo conteste la légalité de ces poursuites, estimant que ces contentieux ont été réglés par un traité signé en 1965, qui avait permis la reprise des relations diplomatiques bilatérales et qui incluait des réparations.
Cet article a été publié par l'AFP le 8 octobre 2019.
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Le Japon rouvre une exposition incluant le sujet sensible des « femmes de réconfort »
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