Château - Politique

AMÉNAGEMENT

Le domaine de Grignon reste propriété de l’État

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 10 juillet 2024 - 649 mots

THIVERVAL-GRIGNON

Le domaine lié au campus de l’école AgroParisTech ne sera pas vendu, mais son devenir est flou à ce jour.

Le château de Grignon dans les Yvelines. © Laurent Bourcier, 2010, CC BY-SA 3.0
Le château de Grignon dans les Yvelines.

Thiverval-Grigon (Yvelines). « C’est une étape décisive qui vient d’être franchie » : dans un communiqué de presse, l’association Grignon 2000 célèbre l’annonce du maintien du domaine de Grignon dans le domaine public comme une victoire. La question a été tranchée à Matignon, fin mai, lors d’une réunion interministérielle : en abandonnant le projet de cession du campus historique d’AgroParisTech au secteur privé, l’État adopte une « décision conforme à l’ambition de Grignon 2000 ». Ce groupe d’anciens élèves de la grande école d’ingénieurs agronomes bataillait pour que le patrimoine bâti et agricole demeure propriété de l’État, alors que le scénario d’une cession au secteur privé se précisait avec le déménagement de l’école sur le plateau de Saclay, et discutait avec les services de l’État depuis septembre 2023.

Une société publique locale (SPL) universitaire devrait être créée, à laquelle participera AgroParisTech (pour 35 % minimum des parts) et les collectivités locales. Elle sera ouverte à des investisseurs dans une forme de partenariat public-privé. Le modèle économique devrait reprendre des pistes imaginées par Grignon 2000, comme des laboratoires susceptibles d’être loués et des espaces dévolus aux congrès et séminaires. « Le modèle économique est fondé sur le projet que nous proposions, se félicite Mathieu Baron, délégué général de l’association. Dans l’état actuel, il y a aussi un maintien de l’intégrité du site, ce qui était notre principale revendication. » La future SPL aura la gestion du château, de ses 300 hectares de jardins et terrains boisés, mais aussi de 300 hectares attribués aux fermes expérimentales de l’école.

Le projet se déroulera en deux phases : une préfiguration va réaffecter l’utilisation du domaine à AgroParisTech, avant que la société créée par l’école ne prenne le relais. Si les contours des missions de cette SPL sont encore flous, le délégué général de Grignon 2000 a bon espoir de voir se concrétiser l’idée d’un pôle scientifique consacré à l’agriculture. Le très riche patrimoine du domaine (un château du XVIIe siècle, des laboratoires du début du XXe, un arboretum centenaire, un site géologique exceptionnel, les collections du Musée du vivant, un lieu de mémoire pour la Résistance…) sera également pris en compte : « Cette partie a bien été évoquée par les deux inspecteurs avec lesquels nous avons échangé, et sur ces points, nous resterons très vigilants pour qu’il n’y ait pas de perte de mémoire », explique Mathieu Baron.

Tollé face à la proposition d’un promoteur immobilier

Dès l’annonce, en 2015, du projet de déplacer AgroParisTech dans le nouveau cluster universitaire et scientifique du plateau de Saclay, le vaste domaine a aiguisé l’appétit du secteur privé. En 2016, le club du Paris Saint-Germain envisageait ainsi d’installer son centre d’entraînement dans le château du XVIIe siècle. En août 2021, le groupe Altarea-Cogedim remporte un appel à projet lancé par l’État pour la reprise du site, aux dépens des anciens étudiants de Grignon 2000, partisans d’un centre international consacré à la transition écologique et à l’agriculture. Le promoteur immobilier lauréat souhaitait quant à lui développer un programme résidentiel, prévoyant de nouvelles constructions.

La proposition d’Altarea-Cogedim suscite alors un tollé, de la part des élus locaux, de Grignon 2000 comme des défenseurs du patrimoine, et l’État fait une première fois machine arrière en mettant fin à ce projet de vente ; il lance un nouvel appel à projet en 2022. Le groupe immobilier porte néanmoins l’affaire devant la justice, contestant l’annulation de la vente.

En février dernier, le tribunal administratif de Versailles donne raison à l’État, débloquant le dossier. En lieu et place d’une nouvelle mise en concurrence, choix est fait cette fois d’un projet piloté directement par l’État. « L’action de Nadine Gohard [maire de Thiverval-Grignon] a été un facteur déterminant, elle n’a rien lâché quant à l’autorisation d’un nouveau plan local d’urbanisme qui ne prendrait pas en compte les exigences de Grignon 2000 et des habitants », souligne Mathieu Baron.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°637 du 5 juillet 2024, avec le titre suivant : Le domaine de Grignon reste propriété de l’État

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