Le mobilier du château de Grignon bradé par erreur 

En juin dernier, une vente était organisée par la Direction nationale d’interventions domaniales (DNID) sur encheres-domaine.gouv.fr, le site de ventes aux enchères des biens des administrations. Elle comportait des meubles du château de Grignon dans les Yvelines, mis en vente après le déménagement de l’école d’agronomie AgroParisTech sur son nouveau campus de l’Université de Paris-Saclay dans l’Essonne.

Classé au titre des monuments historiques depuis 1941, ce château du XVIIe siècle abritait l’école d’agronomie depuis 1826 et possédait une collection d’objets qui auraient dû être expertisés par le Mobilier national, comme c’est habituellement le cas avant ce type de vente. Mais le Mobilier national n’a pas été sollicité. 

Le site des enchères annonçait la vente de meubles « de style » c’est-à-dire du mobilier courant et peu ancien, inspiré des siècles passés. Or il s’agissait bien de meubles d’époque, de Louis XV au Second Empire. Les équipes de la DNID pensaient uniquement devoir s'occuper de la vente de véhicules et de matériel agricole, mais une fois sur place, on leur a également demandé de prendre en compte ce mobilier, entreposé dans une pièce de stockage. La vente a donc eu lieu sans les vérifications nécessaires.

C’est ainsi qu’une console de 1780, mise à prix à seulement 40 euros a été vendue pour 2 250 euros avant d'être revendue 13 000 euros en novembre dernier, ou que vingt sièges Louis XVI de Jean-Baptiste Sené, fournisseur du Garde-Meuble de la Couronne, ont été mis en vente à 170 euros avant d'être adjugés pour 6 240 euros, comme le détaille Le Parisien. D'après des experts, la valeur de l'ensemble se situerait plutôt entre 300 000 et 500 000 euros. 
 

«  Cette affaire est révélatrice d’une administration française qui perd le contact avec son histoire et finit par faire n’importe quoi. Il s’agit d’une énorme erreur d’appréciation, suivie de décisions émanant de technocrates incultes », vitupère Julien Lacaze, historien et docteur en droit privé, président de l’association Sites et monuments.

Consciente de cette énorme bévue, la DNID a entamé avec l’aide du Mobilier national des négociations avec les acheteurs, un Anglais et un Français, afin de trouver une solution à l’amiable pour récupérer les meubles. « Sinon, on fera annuler la vente, explique au Parisien Alain Caumeil, directeur de la DNID, qui reconnaît « une erreur » et fait confiance à la justice pour la restitution des biens.