PARIS
La banque de prêt sur gage installée dans le cœur de Paris est décidée à reprendre des positions fortes dans le marché rentable de l’entreposage d’œuvres d’art.
Paris. Adieu Munigarde, bonjour « CC Art ». Le Crédit municipal de Paris veut redynamiser son activité de conservation d’œuvres d’art qui, après un pic en 2008 (1 million d’euros de chiffre d’affaires), a progressivement baissé à 600 000 euros en raison d’un manque d’attention, selon le directeur de l’établissement parisien, Frédéric Mauget. Arrivé en 2016, celui-ci a entrepris de donner un coup de jeune « Chez ma tante » dans le cadre d’un vaste plan stratégique intitulé « 2020 en action » où l’activité de stockage a toute sa place.
Il faut dire que le secteur est en plein boom. Estimé entre 30 et 40 millions d’euros par an, il est porté par la demande croissante des musées, galeries et collectionneurs qui ont besoin de place pour stocker leurs œuvres d’art. Les deux leaders du secteur, LP-Art et surtout André Chenue, ne s’y sont pas trompés. Ce dernier est d’ailleurs en train de construire un nouvel entrepôt d’une surface de 24 000 m² à côté du Bourget (Seine-Saint-Denis).
CC Art veut conquérir une part de ce marché à la rentabilité moyenne mais assurée. Premier atout : la conservation est au cœur de son métier de prêteur sur gage que l’ancien Mont-de-Piété exerce depuis 1637. Il stocke ainsi près d’1,3 million d’objets, toutes activités confondues, avec l’obligation évidente de les restituer dans l’état dans lequel ils sont rentrés. La confiance est une valeur cardinale dans ce métier. Autre atout, le Crédit municipal est installé dans le centre historique de Paris, mais c’est aussi un handicap, car malgré son patrimoine immobilier totalisant 24 000 mètres carrés, il ne consacre pour l’instant que 1 000 mètres carrés au stockage volontaire (distinct du stockage des objets gagés) – une superficie trop faible pour les grands musées qui ont besoin de plus de place. C’est cependant une force pour des galeristes, commissaires-priseurs et collectionneurs qui apprécient de pouvoir conserver leurs œuvres près de chez eux. Ce sont donc eux que le CC Art cible en priorité, soit dans des espaces collectifs, soit dans des espaces dits « alvéolés ».
Première étape du plan de relance, redynamiser la prospection commerciale. Deuxième étape, aménager 400 mètres carrés supplémentaires en 2019 et se tenir prêt à agencer d’autres superficies – toujours à Paris – si la demande est positive. Un investissement de près de 500 000 euros. L’objectif annoncé est prudent. Frédéric Mauget voudrait retrouver le chiffre de 2008 d’ici à 2020. Avec un effectif de six salariés, cette activité dégage une marge raisonnable, mais surtout elle est sécurisée sur le moyen et long terme. On ne change pas de « stockeur » comme on change de boulangerie. Ce sont par ailleurs en quelque sorte des clients « captifs », à qui CC Art peut proposer d’autres services rémunérateurs tels que la restauration des œuvres.
Ces investissements restent limités pour une entreprise qui dégage chaque année de confortables résultats (4 M€) reposant sur une activité bancaire (1) solide. Si solide qu’elle peut même emprunter avec des taux négatifs (-0,3 %). De quoi envisager sereinement l’avenir.
(1) Le Crédit municipal de Paris est une banque.
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Le Crédit municipal relance son activité de conservation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°511 du 16 novembre 2018, avec le titre suivant : Le Crédit municipal relance son activité de conservation