25 nouveaux sites, parmi lesquels les Causses des Cévennes, ont été inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco, lors de sa 35e réunion. Une session marquée par le bruyant retrait de la Thaïlande, refusant toute ingérence dans le dossier du temple de Preah Vihear, mais aussi par un nouveau report du dossier Le Corbusier.
PARIS - Alors que la liste des monuments inscrits s’allonge inexorablement au fil des ans, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco vient d’encaisser un sérieux revers. Lors de sa 35e session, organisée à Paris du 19 au 29 juin, le ministre thaïlandais Suwit Khunkitti a en effet annoncé son intention de se retirer et de dénoncer la Convention, qui fédère pourtant quelque 187 pays. Objet de sa colère : les garanties qui auraient été demandées à l’institution internationale sur la gestion et la protection du temple de Preah Vihear, chef-d’œuvre de l’art khmer. Inscrit depuis 2008, le monument est situé à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, propriétaire du site depuis un arbitrage de la Cour internationale de justice de 1962, contesté par la Thaïlande. D’où l’inquiétude de l’Unesco qui tente de mettre autour de la table les deux pays. Sans succès. La décision thaïlandaise est une première dans l’histoire de la Convention, depuis son adoption en 1972. Elle devra toutefois être entérinée par le nouveau gouvernement thaïlandais, des élections ayant eu lieu début juillet.
Le lendemain, un autre psychodrame allait ébranler la session. Après un premier échec en 2009, le dossier de candidature de l’œuvre de l’architecte franco-suisse Le Corbusier (1887-1965) a une nouvelle fois été renvoyé à une prochaine session. Si, d’aventure, le ministère de la Culture décidait de s’y risquer à nouveau. Car depuis son lancement en 2008, cette candidature, portée par la France avec cinq autres pays (Suisse, Argentine, Allemagne, Belgique, Japon) et la Fondation Le Corbusier, vise à inscrire 19 monuments construits par l’architecte dans 18 villes différentes. Mais elle n’a jamais fait l’unanimité au sein de l’institution internationale. Un rapport de 25 pages rédigé par l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites) préalablement à cette 35e session s’est montré très sévère. S’il souligne quelques avancées – trois sites ont été supprimés par rapport à 2009 –, il bat en brèche l’idée de classer une série de monuments, préconisant a contrario de se concentrer sur trois édifices français, à présenter de manière individuelle : la chapelle de Ronchamp (Haute-Saône), la Cité radieuse de Marseille et la villa Savoye de Poissy (Yvelines). Soit une négation totale de la spécificité du dossier, qui était destiné à mettre en valeur la diversité de l’architecture du maître du Mouvement moderne.
« Œuvre inclassable »
Après une valse-hésitation, la candidature a finalement été maintenue. Peu avant la session, le ministre de la Culture avait même battu le rappel en s’entretenant avec les ambassadeurs des cinq autres pays parties prenantes du dossier. Rama Yade, ambassadrice de la France auprès de l’Unesco – pour qui c’était là le dernier acte de son passage éclair au sein de l’institution –, n’a pas souhaité passer en force, préférant soutenir les chances de l’autre dossier français, celui des Causses des Cévennes. « Nous ne nous expliquons pas la décision du Comité, déplorait pour sa part Michel Richard, directeur de la Fondation Le Corbusier. Mais nous regrettons que le dossier, présenté en fin de session, n’ait pas donné lieu à un véritable débat. » De quoi instiller un doute sur la volonté réelle de l’Unesco à labelliser l’œuvre de Le Corbusier, dont l’architecture est autant adulée que l’urbanisme décrié. « Son œuvre est peut-être tout simplement inclassable, confesse un spécialiste. Il faut peut-être s’y résoudre : elle résiste encore ! »
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Le Corbusier encore recalé par l’Unesco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Le Corbusier encore recalé par l’Unesco