Avec pas moins de 438 catalogues d’exposition en 2011, les musées sont engagés dans une course éditoriale qui peu revêtir plusieurs formes.
«Les musées de France ont pour missions permanentes de conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections, les rendre accessibles au public le plus large, contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion » : dans les gènes du musée, cette diffusion passe nécessairement par l’élaboration d’une politique éditoriale complète, liée aux collections permanentes, aux expositions temporaires et à l’actualité de la recherche du musée.
L’édition est devenue un enjeu très important pour les institutions culturelles qui proposent des supports de plus en plus diversifiés, ciblant des publics tout aussi larges. Selon leurs moyens financiers et humains, les musées élaborent et diffusent catalogues, albums et fascicules en partenariat ou non avec des maisons d’édition.
Les grands établissements publics disposent, pour ce faire, de leurs propres services éditoriaux, qui regroupent souvent deux activités complémentaires, la production et la commercialisation d’ouvrages, et la diffusion des images et des supports audiovisuels. En 2011, le Musée du quai Branly a ainsi proposé douze publications, éditées ou coéditées par le musée. Outre la revue scientifique Gradhiva, qui traite de l’actualité de la recherche en anthropologie et en histoire des arts, le musée a proposé sept catalogues d’expositions temporaires avec des éditeurs d’art, Somogy et Actes Sud en tête, mais également deux titres sur les collections permanentes du musée. Proposés à des prix publics entre 20 et 50 euros, ces ouvrages illustrent l’offre globale que peut proposer un musée à des publics variés. Autre grand musée éditeur, le Centre Pompidou gère en interne la conception, l’édition et la publication de ses ouvrages, catalogues d’exposition comme ouvrages plus pointus rendant compte de l’actualité de la recherche.
Pour les musées ne bénéficiant pas de telles équipes ni du budget nécessaire au fonctionnement d’un pôle éditorial propre, les choses se compliquent un peu. Souvent, lorsque les musées bénéficient de l’appui de la Rmn-Grand Palais pour élaborer leurs expositions temporaires, l’édition du catalogue est confiée aux services de l’établissement qui dispose d’un département du livre, de 41 librairies, d’accords de diffusions dans des librairies généralistes et spécialisées et surtout d’une grande partie des droits de reproduction d’images.
Quand coédition rime avec exposition
La coédition est le principal moyen pour les musées d’éditer leurs ouvrages. En partageant les risques grâce à un apport financier mutualisé, en majorité de l’ordre de 50/50, les musées peuvent bénéficier d’un savoir-faire commercial et d’une plate-forme de diffusion d’une maison d’édition spécialisée. Le contenu scientifique et les textes sont alors pris en charge par le musée, la maison d’édition prenant en charge la création, le graphisme, la fabrication et la diffusion de l’ouvrage, après consultation et appels d’offres. Autre forme de coédition, la technique du préachat permet souvent au musée d’éditer des ouvrages plus scientifiques, comme des catalogues raisonnés, ou jugés moins rentables pour l’éditeur. En s’engageant à acquérir un nombre ferme d’exemplaires, l’établissement public prend alors tous les risques financiers, mais également une part plus importante sur les bénéfices futurs éventuels.
Ces dernières années, l’offre éditoriale est devenue pléthorique. Pas une exposition temporaire importante sans son catalogue, pas un musée sans ouvrage sur ses collections. Fait nouveau, l’arrivée de « l’album de l’exposition » dans les grands musées, visant à conquérir des publics qui n’achètent pas de catalogues : 50 pages pour 8 euros, contre 200 à 300 pages pour plus de 30 euros, l’album se vend bien. Le Musée d’Orsay ne s’y est pas trompé, et coédite ce format lors de toutes ses grandes expositions, en parallèle du catalogue. Ainsi, pour l’exposition « Degas et le nu », pas moins de trois ouvrages sont coédités par le musée. L’édition de livres pour enfants à visée éducative fait également partie de l’indispensable offre éditoriale, sur laquelle la Rmn-GP met aujourd’hui l’accent.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La politique éditoriale des musées
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €2012 : fin de cycle ?
Les surprises du Palmarès 2012
Classement général 2012 des musées
La délicate question des prêts
Accueil des publics : le top 30
Focus sur les musées d’Archéologie
Dynamisme : le top 30
Réserves : la face cachée des musées
Conservation : le top 30
Petite commune, grand musée
Les beaux-arts en région
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°372 du 22 juin 2012, avec le titre suivant : La politique éditoriale des musées