PARIS
L’ancien théâtre parisien géré par une société privée est investi par plus de 300 jeunes sans-abri.
Paris. En mai 2023, la réouverture de la Gaîté Lyrique, placée sous une nouvelle direction et animée d’un nouveau projet, laissait espérer des jours meilleurs pour l’établissement culturel parisien après six années secouées par différentes crises sociales internes. Mais aussi souffrant d’une identité mal définie et d’une fréquentation qui ne parvenait pas à décoller.
L’occupation des lieux par 250 personnes sans abri venues de tous horizons, et rassemblées dans le Collectif des jeunes du parc de Belleville, a conduit la Gaîté Lyrique à fermer ses portes le 17 décembre 2024 et à suspendre sa programmation de concerts, festivals, événements et expositions, ainsi « Pulse » conçue en partenariat avec Tempora. « C’est l’ensemble de notre projet qui est empêché avec l’impossibilité de proposer aux publics un lieu ouvert au quotidien, avec des événements gratuits : l’exposition “Trans*galactique”, des conférences et projections, des distributions alimentaires avec les associations La Chorba, l’Armée du Salut, Humanity diaspo… et tout simplement un lieu où se retrouver », souligne Juliette Donadieu, directrice des lieux.
La situation, au 14 janvier, était dans l’impasse. Les occupants sont désormais au nombre de 315 : « aucune proposition concrète de logement n’a été proposée par l’État ou la Ville de Paris pour les mettre à l’abri », déplore la Gaîté Lyrique dans son communiqué du 10 janvier, rappelant « le caractère subi et soudain de cette occupation ».
Les conséquences de cette occupation sont importantes pour l’établissement, en particulier sur le plan économique. « Chaque jour qui passe constitue une hémorragie financière. La pérennité de l’établissement est clairement menacée », alerte Juliette Donadieu. Si la direction ne donne pour l’instant aucun chiffre, cette situation fragilise la société chargée de l’exploitation de l’établissement culturel. La Ville de Paris, propriétaire des lieux, a en effet confié leur exploitation, depuis sa réouverture en 2011, à une société privée à travers un contrat de délégation de service public (DSP) d’une durée de six ans.
En quatorze ans, trois DSP se sont ainsi succédé dans cet ancien théâtre lyrique réhabilité. La société privée qui la gère actuellement regroupe cinq acteurs : Arty Farty (référencé pour ses activités centrées sur la musique et les médias), Arte France, Makesense (accompagnateur de projets en lien avec l’économie sociale et solidaire), Singa (organisation impliquée dans l’inclusion des réfugiés ou demandeurs d’asile autour de projets sociaux, professionnels et entrepreneuriaux), et Actes Sud en tant que partenaire éditorial.
« La société repose sur un modèle économique très serré avec une subvention de la Ville qui représente un peu plus de 30 %, explique Juliette Donadieu. Pour l’année 2024, nous projetions un budget de près de 9 millions d’euros financés par près de 70 % de recettes propres principalement liées à la programmation (29 %), aux locations des espaces (25 %), à l’activité bar (8 %) et à des partenariats (4 %). » En 2023, année de relance du site, le budget (un peu plus de 7 millions d’euros) avait été abondé par la Ville de Paris à hauteur de 50 %, et la fréquentation sur les sept premiers mois d’ouverture s’était élevée à 70 000 personnes, auxquelles il faut ajouter le public des manifestions et expositions gratuites du lieu, non comptabilisées. Les projections de 2024 établissaient une fréquentation de 180 000 personnes pour 2025.
Pour l’heure, la Gaîté Lyrique « essaie de continuer à faire vivre certains événements en s’appuyant sur un réseau de lieux parisiens qui ont exprimé leur solidarité tels le Centre Wallonie-Bruxelles, La Station ou la Climate house, qui n’ont pas hésité à nous trouver une place dans leur programmation », rapporte sa directrice. Ajoutant : « Nous discutons également avec d’autres structures comme Césure, le Point Éphémère ou la Maison des canaux pour de prochains événements. »
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La Gaîté Lyrique fragilisée économiquement par l’occupation forcée de ses lieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°647 du 17 janvier 2025, avec le titre suivant : La Gaîté-Lyrique fragilisée économiquement par l’occupation forcée de ses lieux