Centre culturel

La Gaîté-Lyrique change encore d’équipe de direction

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 6 février 2023 - 776 mots

PARIS

Un nouveau groupement inédit est chargé de redynamiser, pour les six prochaines années, un lieu encore mal identifié onze ans après sa réouverture.

Juliette Donadieu, directrice de la Gaîté Lyrique, Fabrique de l’époque. © Anouk Marty, 2023
Juliette Donadieu, directrice de la Gaîté Lyrique, Fabrique de l’époque.
© Anouk Marty, 2023

Paris. La Ville de Paris a annoncé en décembre dernier son choix du groupement composé d’Arty Farty, d’Arte France, de Makesense, de Singa, et d’Actes Sud pour prendre la direction de la Gaîté-Lyrique. L’ancien exploitant de l’établissement présidé par Jean-Dominique Secondi de l’Agence ARTER passe ainsi la main après six années secouées par différentes crises sociales internes symptômes de la gestion managériale de ses deux directeurs successifs que furent Marc Dondey puis Laetitia Stagnara. L’exploitation du bâtiment, propriété de la Ville de Paris, est en effet confiée depuis sa réouverture en 2011, à une société privée à travers un contrat de Délégation de service public (DSP) de six ans. Deux DSP se sont ainsi succédé dans cet ancien théâtre lyrique réhabilité et projet culturel emblématique des années Bertrand Delanoë, avec le Centquatre, mais sur lequel la Mairie de Paris a soufflé le chaud et le froid.

La première DSP portée par le trio composé du label de musique Naïve, de l’agence d’ingénierie culturelle Le Troisième Pôle et d’Inéo, une filiale d’Engie était présidée par Steven Hearn et dirigée par Jérôme Delormas, avec l’ambition de faire de la Gaîté-Lyrique l’institution incontournable de la création musicale et numérique. Le trio n’a pas été renouvelé en 2016 par la Ville de Paris qui lui préféra un projet porté par Marc Dondey et ses associés. Pour Noël Corbin, alors en charge de la direction des Affaires culturelles de la ville, l’établissement « malgré un succès public important, n’était pas assez fréquenté au-delà de son public très “hipster”, car mal identifié par son environnement immédiat, l’arrondissement, et par sa vocation sans doute difficile à comprendre ».

Six ans plus tard la Gaîté-Lyrique, « lieu d’exploration des cultures post-Internet », comme elle se définissait depuis le changement d’exploitant en est au même point avec une fréquentation en 2022 de 224 000 visiteurs qui n’arrive pas à retrouver le pic des 300 000 visiteurs enregistrés en 2014 avec la première équipe.

Des partenaires éclectiques

Le nouveau groupement aux manettes pour les cinq années à venir va-t-il réussir à relancer le site avec son projet intitulé « La fabrique de l’époque » ? Il est trop tôt pour le dire. Il se distingue néanmoins par le profil des cinq acteurs qui se sont unis pour proposer « un projet croisant création artistique et engagement social », précise Juliette Donadieu, nouvelle directrice des lieux. « Notre projet est de faire de la Gaîté-Lyrique une plateforme et un lieu de vie multidisciplinaire, de rencontres et de réflexions sur notre société d’aujourd’hui et de demain, mais aussi de passage à l’action au-delà des concerts et des expositions. »

La Gaité Lyrique, Fabrique de l'époque. © DR
La Gaité Lyrique, Fabrique de l'époque.
© D.R.

Le premier partenaire est Arty Farty. Son directeur, Vincent Carry, connaît bien la Gaîté-Lyrique pour avoir été conseiller artistique de la première équipe dirigeante jusqu’en juillet 2016. Arty Farty est référencé pour ses activités centrées sur la musique et les médias. Vincent Carry est notamment le créateur du festival Nuits Sonores ainsi que du European Lab, créé d’ailleurs au sein de la Gaîté-Lyrique, avant que ce forum consacré « au futur de la culture » ne s’organise ailleurs. Il s’est allié à la chaîne franco-allemande Arte, à l’accompagnateur de projets en lien avec l’économie sociale et solidaire, Makesense, à l’ONG Singa impliquée dans l’inclusion des réfugiés ou demandeurs d’asile autour de projets sociaux, professionnels et entrepreneuriaux, et à l’éditeur Actes Sud. On retrouve les trois premiers au capital de la nouvelle société d’exploitation de la Gaîté-Lyrique à hauteur de 20 % chacun, aux côtés d’Arty Farty (40 %), et d’Actes Sud comme partenaire éditorial.

Un lieu de brassage culturel et d’inclusion

Cette alliance est inédite. « Les acteurs auxquels on s’associe ont la création, la transmission et le vivant au cœur leurs actions et sont en phase avec le monde dans lequel on vit », souligne Anne-Sylvie Bameule, nouvelle présidente d’Actes Sud. « La bataille des idées est importante et pouvoir contribuer à un nouvel imaginaire autour de l’inclusion via une institution culturelle, par essence fabrique de récit, fait sens pour nous », explique David Robert, directeur général de Singa (et ancien rédacteur au Journal des Arts). « La Gaîté-Lyrique est un lieu où il y a toujours eu un brassage culturel important », relève-t-il. « Et c’est une boîte à outils extraordinaire où l’on retrouve sous le même toit salles de concert, d’exposition, de conférences et de débats, mais aussi des espaces de travail, de résidences… », rappelle de son côté Vincent Carry. La direction artistique collégiale s’est aussi adjoint les services de Vincent Cavaroc, directeur de la Halle Tropisme, à Montpellier, et autre familier de la Gaîté-Lyrique pour y avoir été conseiller culturel jusqu’en juillet 2016.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°604 du 3 février 2023, avec le titre suivant : La Gaîté-Lyrique change encore d’équipe de direction

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