La France renforce sa coopération culturelle avec le Maroc

Paris, Rabat (Maroc). Après des accords économiques formalisés en octobre 2024, la France et le Maroc ont signé plusieurs accords de coopération culturelle lors du voyage de la ministre de la Culture, Rachida Dati, en février 2025. Cinéma, langue française, bibliothèques, archives et sites patrimoniaux figurent en bonne place dans ces accords. La France s’engage ainsi à fournir au Maroc l’expertise de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) pour « la conduite conjointe d’opérations archéologiques » au Maroc, l’Institut précisant que le Maroc souhaite « renforcer son cadre législatif et opérationnel » pour l’archéologie préventive. Toujours côté patrimoine, un accord prévoit l’intervention du Centre des monuments nationaux (CMN) pour accompagner le développement touristique de plusieurs sites marocains. Les premiers sites concernés sont des sites rupestres, soit« Ighoud, les grottes d’Hercule à Tanger et la grotte du Chameau dans le massif des Béni Snassen », détaille le CMN. La ministre a annoncé le jumelage du site du Chellah (nécropole antique) avec le château de Chambord (Loir-et-Cher). La Bibliothèque nationale de France et le Centre national du cinéma et de l’image animée ont également signé des accords de coopération avec les institutions marocaines. Enfin des accords portent sur le jeu vidéo et les industries culturelles et créatives, avec l’ouverture d’une « Cité du gaming ».

Ces accords interviennent dans un contexte régional délicat, celui de la crise prolongée entre la France et l’Algérie. En effet, depuis le soutien exprimé en juillet 2024 par Emmanuel Macron aux revendications du Maroc sur le Sahara occidental, les relations entre l’Algérie, la France et le Maroc avaient atteint un point de rupture. Si le Maroc a toujours été un partenaire privilégié pour le soft power français au Maghreb, ces accords marquent une nouvelle étape : Rachida Dati a en effet visité plusieurs villes du Sahara occidental en compagnie de son homologue marocain. La ministre a évoqué l’ouverture d’une Alliance française à Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental, alors que la France restait jusqu’à présent sur une position de neutralité. Elle a également visité le Musée Antoine-de-Saint-Exupéry à Tarfaya, ouvert en 2004, où Paris organisera une exposition. Elle a plaidé pour un renforcement de la coopération entre la France et le Maroc pour développer la région, ce qui revient à entériner le projet politique marocain. La coopération était d’ailleurs le thème central des déclarations lors de cette visite, car à Rabat la ministre française de la Culture a vanté dans son discours du 16 février « les politiques publiques ambitieuses » en faveur de la culture en France et au Maroc, et insisté sur les liens qui unissent les milieux culturels des deux pays. Parmi les personnalités les plus connues actives en la matière figure l’écrivaine Leïla Slimani, représentante d’Emmanuel Macron pour la francophonie.

La relation avec le Maroc est donc consolidée par ces accords, alors que celle avec l’Algérie reste complexe. Cette visite officielle a d’ailleurs été scrutée à Alger, en pleine crise liée aux expulsions pour OQTF (obligation de quitter le territoire français) et alors que la France réclame la libération de l’écrivain Boualem Sansal. Cependant, le président Tebboune a ménagé ses critiques ; il a déclaré en mars aux médias algériens que l’amitié entre la France et le Maroc « ne dérange pas du tout l’Algérie » tout en qualifiant les visites officielles de Rachida Dati et Gérard Larcher, président du Sénat, au Sahara occidental d’« ostentatoires ». Depuis, les relations avec la France semblent rétablies, mais la présence d’institutions françaises dans la région reste un point de désaccord avec l’Algérie.