La Colonie de Kader Attia victime collatérale de la Covid-19 

« La situation financière était déjà fragile, le pari c'était que le bar seul finance le lieu, car nous avions un désir d'indépendance » explique Kader Attia qui a annoncé la fermeture le 20 juillet, en accord avec son associé de La Colonie. Le confinement a aggravé la situation, avec les charges et les loyers d'un local de plus de 300 mètres carré sur trois niveaux en plein Paris : « contrairement aux annonces du gouvernement nous n'avons pu décaler ni les loyers, ni les charges de l'Urssaf, ni les factures d'électricité, même en négociant » explique Kader Attia. Malgré le chômage partiel les dix salaires mensuels ont plombé le budget. Résultat près de 130 000 euros de dette, et aucune réserve de trésorerie : « les banques n'ont pas voulu étaler les crédits, La Colonie s'est retrouvée à sec » résume Kader Attia. 

Car La Colonie ne bénéficie d'aucune subvention, par choix, et après le confinement l'établissement s'est vu refuser les demandes d'aide d'urgence : « nous sommes un centre culturel avec un bar, nous n'entrons dans aucune catégorie administrative, ni pour la mairie du 10e arrondissement, ni pour le ministère » déplore Kader Attia. L'absence de terrasse et la faible jauge de public autorisée n'ont pas permis à La Colonie de rouvrir en juin. 

La Colonie avait pourtant réussi à attirer un public très varié, grâce à une programmation post coloniale et militante. Débats, projections de films et colloques réunissaient des universitaires africains et européens, des militants LGBT, et des artistes de tous horizons autour des questions de genre, de l'histoire de la colonisation, des banlieues populaires ou des restitutions du patrimoine africain.

Kader Attia espère poursuivre le projet dans un autre local « dans l'est parisien » et va lancer une campagne de crowdfunding.