La bataille judiciaire contre les travaux visant à installer des sièges à l’Opéra Garnier se poursuit.
PARIS - La procédure en référé menée par la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF) était vouée à l’échec d’un point de vue judiciaire, en raison de la fin des travaux contestés, mais paraissait nécessaire sur le plan symbolique. Elle s’est même révélée rassurante pour l’association quant à la suite des procédures en cours. En effet, dans son ordonnance du 2 décembre 2015, le tribunal administratif de Paris a rappelé que la Drac [direction régionale des Affaires culturelles] Île-de-France n’avait émis qu’un simple avis favorable pour la mise en place d’un dispositif de retrait des cloisons séparatives des loges des 1er et 2e niveaux de l’Opéra Garnier. Aucune autorisation de travaux n’avait été accordée pour la création de ces trente sièges supplémentaires, véritable enjeu financier. L’opération nécessite en effet la dépose des douze cloisons d’origine au profit d’un nouveau système bâti autour d’un rail de guidage permettant deux types de configurations, une « de type concert » et une « de type patrimonial », uniquement visible lors de visites guidées. Or, « un monument historique ne peut pas être à géométrie variable », rappelle Julien Lacaze, vice-président de la SPPEF. Au-delà du désordre esthétique créé, seules les loges centrales étant modifiées, l’association conteste donc la vision d’un « monument historique en kit et réinventé », et poursuit ses demandes par une procédure au fond visant la remise dans son état originel du lieu.
Nouvelles procédures
Par ailleurs, la SPPEF conteste dans deux procédures distinctes, une en référé et une autre au fond, l’autorisation donnée a posteriori par le préfet d’Ile-de-France, deux jours avant le dépôt de la requête de l’association, le 24 novembre dernier. Le tribunal administratif a rappelé que les recommandations faites par la Drac en juin 2014 ne pouvaient être « regardées comme constituant une telle autorisation de travaux ». Mais l’Opéra national de Paris, qui gère le Palais Garnier, monument historique classé en 1923 sous la tutelle du ministère de la Culture, a déjà commercialisé les trente sièges nouvellement créés pour la saison à venir. Ce qui complique encore les demandes de la SPPEF, de même que l’hypothèse d’une dépose défectueuse des cloisons d’origine. L’aspect assurément politique du dossier pourrait également ressortir au terme des différentes procédures. La réinvention d’un monument symbolique au cœur de Paris, en lieu et place de sa restauration, interroge dans le contexte actuel des débats parlementaires portant sur le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine.
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La bataille judiciaire à l’Opéra Garnier continue
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Abonnez-vous dès 1 €Façade de l'opéra Garnier, Paris. © Photo : P. Rivera.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°447 du 11 décembre 2015, avec le titre suivant : La bataille judiciaire à l’Opéra Garnier continue