PARIS [26.11.15] - Les opposants aux modifications apportées aux loges historiques de l'Opéra Garnier à Paris pour en augmenter le nombre de places ont déposé une demande de référé devant le tribunal administratif, réclamant le rétablissement des anciennes loges, a constaté jeudi l'AFP.
Le tribunal rendra sa décision dans les prochains jours, après une audience tenue jeudi matin.
L'avocat de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF) Maître Benoît Jorion a réclamé la "suspension de la décision de la direction de l'Opéra de supprimer les cloisons des loges".
L'Opéra a enlevé en août 12 cloisons et installé un prototype sur une loge, après un simple "accord de principe" de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac).
Son projet est de remplacer les anciennes cloisons par des cloisons aisément rétractables, permettant d'agrandir chaque loge et de gagner 30 places, soit une recette estimée à 600.000 euros.
Les anciennes cloisons étaient démontables pour agrandir la tribune présidentielle, mais leur maniement est difficile (deux agents et une demi journée de travail), ce qui a motivé la décision de l'Opéra de les remplacer.
Les nouvelles cloisons "rétractables", placées sur des rails, seraient retirées pour chaque spectacle et réinstallées pour les visites du Palais Garnier.
L'ancien directeur de l'Opéra Hugues Gall et l'Académie des Beaux-Arts jugent que les nouvelles cloisons "défigurent" le bâtiment entièrement classé.
Une pétition a recueilli à ce jour 32.000 signatures.
Les loges, qui admettent 4 places, pourraient loger 12 personnes en rétractant les cloisons, ce qui "enlève toute intimité aux loges historiques", a expliqué à l'AFP le vice-président de la SPPEF Julien Lacaze.
La SPPEF relève que "le rythme régulier des cloisons est défait et laisse place à des béances au niveau des loges de face: la salle paraît édentée".
En outre, "la lumière plafonnière des loges ne bénéficie plus des retombées et renvois de lumières créés par les cloisons : les loges sont donc éclairées par une lumière blafarde et crue".
Enfin, "les salons arrière ont disparu". "On s'entassera désormais dans des box qui n'ont rien à voir avec ce que voulait Garnier".
Sur le plan juridique, la SPPEF a fait valoir que l'Opéra de Paris n'avait pas attendu l'autorisation de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) pour enlever les anciennes cloisons.
"Il s'agit d'une violation du code du patrimoine qui exige l'autorisation de l'autorité administrative", a indiqué Maître Jorion.
L'autorisation de la Drac a été accordée depuis: deux jours avant l'audience soit le 24 novembre. L'Opéra de Paris a demandé un non lieu ou rejet de la requête en référé.
Construit de 1861 à 1875, l'Opéra Garnier est un modèle d'architecture du Second Empire.
Classé monument historique en 1923, il est visité chaque année par plus de 700.000 touristes et accueille environ 300.000 spectateurs.
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L'affaire des loges de l'Opéra Garnier devant le tribunal administratif
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