NEW YORK / ETATS-UNIS
LONDRES (GRANDE-BRETAGNE) [08.02.17] - Sotheby’s a dû se résigner à une action judiciaire pour obtenir le remboursement d’un portrait de Hals, reconnu en son temps par un conservateur du Louvre mais déclaré faux par un laboratoire américain.
C’est le scénario qu’aurait voulu éviter Sotheby’s. Après avoir essayé pendant des mois d’étouffer le scandale, la compagnie américaine doit maintenant se résigner à déballer son linge sale en public en ouvrant un procès à Londres à propos d’un portrait qu’elle a dû rembourser à un important client américain après avoir été déclaré faux par un laboratoire américain, Orion Analytical.
L’affaire avait été révélée par le Journal des Arts en septembre, avant que l’essentiel des faits ne soient reconnus par Sotheby’s. Elle a dû l’été dernier rembourser environ 11 millions de dollars à un collectionneur de Seattle, Richard Hedreen, à qui elle avait vendu ce portrait en 2011.
Sotheby’s avait agi pour le compte d’un marchand londonien réputé, Mark Weiss. Via un intermédiaire italien basé à Londres, le galeriste avait acheté ce tableau à Giuliano Ruffini, dont le nom est cité dans plusieurs affaires de soupçons de contrefaçons. Les deux hommes soulignent que, quelques années plus tôt, le conservateur du Louvre Blaise Ducos avait proposé l’achat de cette oeuvre qu’il considérait comme « un chef-d’œuvre tardif de Hals », mais le musée n’avait pu réunir la somme demandée.
Sotheby’s, qui n’a jamais voulu préciser le montant important de sa commission dans cette transaction entre Weiss et Hedreen, se retourne désormais contre le galeriste de Londres et la compagnie d’investissement de son associé, David Kowitz. La société américaine s’est dite « au regret d’être forcée d’agir en justice », la galerie Weiss ayant selon elle manqué à « toutes ses obligations contractuelles ».
Weiss s’est immédiatement dit prêt à « récuser ces accusations devant la cour », en contestant l’étude scientifique conduite par Orion Analytical, devenue entre-temps la propriété de Sotheby’s. Il dit avoir réclamé en vain « des examens complémentaires » « l’accès au tableau », qui selon nos informations se trouve désormais à Londres, « lui ayant été systématiquement refusé ». Sotheby’s a également refusé de rendre publique son étude scientifique.
Signe de l’inquiétude qui a gagné la maison de ventes, elle a décidé de s’adjoindre les services d’une pointure, en la personne de Roy Ashok, scientifique réputé qui a longtemps dirigé le laboratoire de la National Gallery de Londres. Comme Giuliano Ruffini nous l’a indiqué lui-même, Sotheby’s est impliquée dans d’autres ventes de tableaux qu’il a découverts mais sans jamais les attribuer lui-même à des maîtres anciens.
La société a déjà dû engager une autre procédure, à New York, contre un courtier du Luxembourg, Lionel de Saint Donat-Pourrières, qui avait mis aux enchères une composition attribuée à l’entourage de Parmigianino. Sotheby’s a dû rembourser son client les 840 000$ du prix d’achat après que le même laboratoire l’ait déclarée être une contrefaçon récente. Comme dans le cas du Hals, des traces d’un pigment du XXe siècle ont été décelées en plusieurs endroits des sous-couches de la peinture. Lionel de Pourrières n’a pas répondu à nos demandes de contact.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Faux Hals présumé, Sotheby’s poursuit le vendeur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Portrait d'homme, huile sur panneau, 32,4 x 26,8 cm. Attribué à Frans Hals avant qu'une étude scientifique ne le déclare faux. Ce tableau avait été classé trésor national en 2008.