Art Stage Singapore fait le succès des galeristes du sud-est asiatique, mais doit séduire les marchands occidentaux pour s’affirmer à l’international.
SINGAPOUR - « We Are Asia ». Impossible d’échapper au slogan d’Art Stage Singapore 2013 omniprésent le long des larges avenues de la ville, ornées de ces kakemonos à la gloire du marché de l’art asiatique. À Art Stage Singapore (du 24 au 27 janvier), ce sont les artistes du sud-est asiatique qui tiennent le devant de la scène. Qu’ils soient Indonésiens comme Yunizar, Nyoman Masriadi, Etang Wiharso, Thaïlandais comme Jakkai Siributr ou Pakpoon Silathien, ou Philippins comme Alfredo et Isabel Aquilizan ; à Singapour, ces artistes ont raflé la vedette aux Chinois Zeng Fanzhi et Zhang Xiaogang, comme à l’Américain Andy Warhol et le Britannique Damien Hirst. Il est vrai que l’Indonésie est « la » puissance montante, celle vers laquelle tous les regards convergent. D’après une étude du cabinet McKinsey, le produit intérieur brut indonésien dépassera en 2030 celui de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Et le nombre d’Indonésiens gagnant plus de 3 600 dollars par an devrait alors exploser de 45 millions aujourd’hui à 170 millions en 2030. Conscient des potentialités économiques et artistiques de ce grand pays de 250 millions d’habitants, Lorenzo Rudolf, le directeur de la foire, a donné un coup de pouce à la scène artistique locale en créant un Pavillon indonésien.
Révélations indonésiennes
L’espace The Best of Indonesia , où les galeries étaient absentes, réunissait quelques stars de la scène nationale dont Heri Dono qui exposait une étonnante installation (The Extraterrestrial Troops, 2011) témoignant de l’errance aveugle de l’homme moderne et Etang Wiharso dont on pouvait admirer une grande et belle sculpture en métal intitulée « Other dream ! I love you too much-Wagon series ». Les marchands indonésiens étaient réunis, un peu plus loin, dans le Pavillon des galeries. Pour acheter, il fallait s’adresser à des conseillers appointés par la foire qui prélevaient 50 % du prix de vente. Jasdeep Sandhu, le directeur indonésien de la galerie Gajah basée à Singapour n’a pas souhaité être confiné aux côtés de ses confrères. « Nos artistes peuvent s’affirmer tous seuls à l’échelle mondiale. Ils n’ont pas besoin d’être regroupés sous le drapeau de l’art indonésien », martelait-il, en soulignant la qualité de la foire et de son organisation.
Dès les premiers jours du salon, Jasdeep Sandhu a vendu trois toiles de son poulain Nyoman Masriadi entre 200 000 et plus de 400 000 dollars et deux toiles de Yunizar autour de 200 000 euros. À Singapour, les collectionneurs asiatiques acquièrent avant tout des œuvres d’artistes régionaux. D’où des résultats commerciaux parfois décevants pour les galeristes occidentaux. « Pour qu’Art stage Singapore ne soit pas ravalée au rang de foire régionale, il faut absolument que les galeries européennes et américaines puissent tirer elles aussi leur épingle du jeu », soutenait avec fermeté le directeur de la Timothy Taylor gallery (Londres) qui ne se contentait pas d’avoir vendu, un jour avant la fermeture qu’une seule toile de Sean Scully à 550 000 dollars. Quel avenir pour Arte Stage Singapore ? Y a-t-il une place pour une deuxième grande foire asiatique à côté d’Art Basel in Hongkong. Paul Green, le directeur de la galerie londonienne Halcyon qui vient d’ouvrir une antenne à Hongkong, n’en doute pas. « L’Asie du sud-est est encore un marché émergent, un marché en plein développement. Mais celui-ci va prendre de plus en plus de place dans le jeu mondial dans les prochaines années et décennies », insiste -t-il. À bon entendeur !
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Art Stage Singapore - L’Indonésie mène le bal
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Abonnez-vous dès 1 €Nyoman Masriadi, Se-Konyong Konyong, (Soudain, sans crier gare), 2012, huile sur toile. Courtesy Gajah Gallery, Singapour.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°384 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Art Stage Singapore - L’Indonésie mène le bal