PARIS
Le salon parisien renforce son attention sur des contrées orientales et met la Russie à l’honneur. Il continue de cultiver une singularité tout en apparaissant rassurant.
Guillaume Piens l’avait annoncé lors de son arrivée aux commandes en 2012 : afin de rendre la foire « accueillante et pas intimidante » et lui conférer une identité propre, décision était prise par le commissaire général d’Art Paris Art Fair de mettre le cap vers des territoires moins connus et peu présents dans les autres manifestations commerciales, vers l’est notamment (lire p. 23). Cette destination est confortée par la 15e édition du salon, qui avec 144 exposants enregistre une hausse sensible du nombre de participants (ils étaient 125 l’an dernier) comme du nombre de pays représentés, passés de 16 en 2012 à 20 cette année. Le chiffre dénote une internationalisation accrue avec la présence de 43 % de galeries étrangères, un taux jamais atteint jusqu’alors.
Mise à l’honneur sur une plateforme centrale, la Russie sera représentée par pas moins de dix enseignes venues de la capitale mais aussi de Saint-Pétersbourg, Vladivostok ou Rostov-sur-le-Don, signe d’un évident défrichage du terrain, même si on peut regretter que les plus visibles à l’international (les moscovites XL, Regina, M&J Guelman…) ne soient pas de l’aventure. Mais une quinzaine d’autres participants ont décidé d’exposer à cette occasion leurs artistes russes.
Toujours à l’est, la présence hongroise, caractérisée par les enseignes de Budapest Inda Galéria et Kálmán Makláry Fine Arts, est renforcée par l’arrivée de leur consœur Várfok Galéria, tandis que des galeries slovène et bosniaque font leur entrée, à l’instar de Galerija Fotografija (Lubjana) et Duplex 10 m2 (Sarajevo).
Changement de ton
Déjà esquissé en 2012, un axe moyen-oriental se dessine timidement mais sûrement avec la participation de galeries telles Tanit (Munich, Beyrouth), Mark Hachem (Beyrouth) ou The Empty Quarter (Dubaï), alors que les parisiens Claude Lemand et Imane Farès consacrent leur stand à des artistes arabes, palestiniens et irakiens notamment.
Art Paris Art Fair fait cette année montre d’un renouvellement très important : 52 % de nouveaux participants semblent vouloir accélérer le changement de ton et d’image amorcé l’année dernière. Membre du comité de sélection, Catherine Issert (Saint-Paul de Vence) estime que « l’identité de la foire se redéfinit progressivement, tout en soulignant une volonté des organisateurs et du comité d’être plus sévères dans la sélection et d’accentuer l’importance de la présence étrangère ».
Du côté français, notables sont les arrivées de Farideh Cadot (Paris), Anne de Villepoix (Paris), Christian Berst (Paris), Mélanie Rio (Nantes) ou Maeght (Paris), cette dernière venant renforcer le contingent moderne. Peu attrayant l’année dernière, le secteur dédié à des pièces de grand format passe à la trappe. Une partie des espaces ainsi libérés est mis à la disposition d’une très bienvenue section « Promesses », livrée à des galeries créées il y a moins de cinq ans et qui participent à Art Paris pour la première fois, bénéficiant d’un rabais très attractif de 50 % sur le prix des stands. Au nombre de douze, on y retrouvera notamment Backslash (Paris), Trinity Contemporary (Londres), Edward Cutler (Milan), Vincent Sator (Paris) et Galerie de Roussan (Paris).
« Une foire à part »
La présence du design se voit quant à elle confirmée et amplifiée avec une plateforme intitulée aujourd’hui « Artdesign » et passant de cinq à neuf enseignes. Si White Moon et Matignon ont disparu, Cat-Berro (Paris), avec de nouvelles pièces de Mattia Bonetti et Jean-Michel Othoniel, et Mitterrand Cramer (Genève), qui convient Maarten Baas ou Arik Levy, font leur entrée, tandis que Mazel (Bruxelles) consacrera un solo show à Hubert Le Gall.
Une dernière innovation tient dans la création d’un secteur dédié aux livres d’art et d’artistes. Aménagé avec le concours de la librairie Artcurial, il regroupe une trentaine d’éditeurs (Bernard Chauveau, Fage, Scala, Somogy, Norma, Centre Pompidou, Beaux-arts de Paris…) et prévoit d’organiser de nombreuses rencontres et signatures avec des auteurs et des artistes.
Art Paris Art Fair continue donc à cultiver une certaine singularité dans ses choix, tout en affichant « un aspect rassurant », ainsi que le souligne Catherine Issert : « Art Paris est une foire qui a toujours plu aux gens un peu secoués par la Fiac [Foire internationale d’art contemporain], qui est devenue une foire à hauts standards financiers où certains ont le sentiment, parfois à tort, que ce n’est pas dans leurs moyens d’y collectionner et sont un peu effrayés par une programmation un peu spectaculaire où ils ne se sentent pas à leur place, même s’il leur serait sans doute possible de trouver des choses en cherchant bien. »
Sa consœur Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) estime quant à elle qu’il s’agit d’une « foire à part, intéressante car elle a sa personnalité et prend place à un bon moment dans le calendrier, avec pour conséquence une présence appuyée des amateurs français, suisses, belges et allemands. Chaque année, on y rencontre des collectionneurs qui viennent pour des choses de qualité, plus classiques, mais si la qualité est là on en revient toujours avec un bon chiffre d’affaires ».
Reste que le climat économique n’est pas des plus cléments, pour ne pas dire très tendu et terriblement incertain. La réponse des collectionneurs constitue donc une inconnue majeure pour le succès du salon.
Direction générale : Julien et Valentine Lecêtre
Commissaire général : Guillaume Piens
Nombre d’exposants : 144
Prix du mètre carré : 440 € HT
Nombre de visiteurs en 2012 : 48 000
Du 28 mars au 1er avril, Grand Palais, av. Winston-Churchill, 75008 Paris, www.artparis.fr, du 28, 30 et 31 mars 11h30-20h, le 29 mars 11h30-22h, le 1er avril 11h30-19h.
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Art Paris Art Fair, toujours à l’est
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Abonnez-vous dès 1 €« Se différencier de la Fiac »
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Légende Photo :
Katerina Belkina - Red Moscow (2011) - photographie couleur, 100 x 130 cm - Courtesy Gallery Lilja Zakirova, Heusden a/d Maas
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°387 du 15 mars 2013, avec le titre suivant : Art Paris Art Fair, toujours à l’est