La Russie n’est pas le seul invité d’honneur du salon, le Moyen-Orient et ses réflexions identitaires est convié sur plusieurs stands. Tandis que la photographie y bénéficie d’une présence appuyée.
Alors que nombre de propositions regardent cette année vers la Russie et l’Europe de l’Est, se développe sur Art Paris Art Fair une relation appuyée avec le Moyen-Orient et des artistes qui, souvent encore, marquent leurs travaux de réflexions identitaires et mémorielles. Ainsi, la Beyrouthine Lamia Ziadé habille le stand de Tanit (Munich, Beyrouth) de son imagerie aux accents pop et colorés constituée par des assemblages de matériaux variés, qui pointe les tiraillements de la condition féminine dans le monde arabe, non sans traces des traumas liés aux souvenirs de la guerre. Chez Alice Mogabgab (Beyrouth), on peut s’arrêter devant les images de demeures orientales envahies par la végétation du Libanais Houda Kassatly. The Empty Quarter (Dubaï) annonce quant à elle un projet portant sur les identités, à travers notamment des portraits photographiques de minorités exécutés par le Libanais Jack Dabaghian et le jeune Al-Moutasim Al-Maskery, originaire d’Oman.
Chez Imane Farès (Paris), on s’attache au travail de la Koweïtienne d’origine palestinienne Basma Al-Sharif. Cette dernière aime souvent mélanger les esthétiques du texte et de l’image, qui se répondent l’une l’autre ; le souvenir et la perception de la mémoire collective ne sont jamais loin, même lorsque dans sa vidéo The Story of Milk and Honey (2011) un individu échoue à écrire une lettre d’amour. Claude Lemand (Paris) expose, lui, des artistes plus classiques du monde arabe, en particulier des tableaux de l’Irakien Dia Al-Azzawi et du Libanais Shafic Abboud, ou encore des aquarelles d’Etel Adnan.
La photographie, l’autre axe du salon
De plus à l’est encore proviennent les sculptures en bois de hêtre du Chinois Wang Keping, à retrouver à la fois chez 10 Chancery Lane (Hongkong) et à la galerie Zürcher (Paris, New York).
La photographie constitue un autre axe d’attrait du salon, et bénéficie d’une présence soutenue. La galerie Les Filles du Calvaire (Paris) lui consacre la moitié de son stand avec notamment la présence de Corinne Mercadier, Thibaut Cuisset et un focus sur Antoine d’Agata, en regard avec son actuelle exposition au BAL, à Paris. La peinture occupe la seconde moité, avec en particulier un historique cercle noir sur fond blanc d’Olivier Mosset exécuté en 1970. Par le biais d’un projet conçu par le critique d’art Paul Ardenne autour du baroque contemporain, Analix Forever (Genève) met l’accent sur ses vingt ans de collaboration avec Matt Collishaw. L’artiste britannique propose, comme à l’accoutumée, des clichés au statut ambigu parfois porteurs d’effets illusionnistes ; il est notamment accompagné par la photographe américaine Dana Hoey dont le travail ne cesse d’intriguer. Sur le stand de Bodson-Emelinckx (Bruxelles), le visiteur remarque les étranges images de nature, morte ou pas, du Brésilien Alfonso Albano.
Un sportif nu par Giuseppe Penone
Catherine Issert (Saint-Paul de Vence) livre pour sa part une réflexion sur les rapports entretenus par les artistes avec la photographie : de Cécile Bart qui compose un piège pour l’œil en juxtaposant un tableau en tergal et une photo donnant à voir un jeu d’ombres et de lumières, à Jean-Charles Blais toujours inspiré par des images trouvées. Est montrée également dans ce contexte la Suite berlinoise (2012) de Pascal Pinaud, suite de photographies de palissades qui, progressivement, semble virer à une peinture monochrome.
Le salon permet aussi de dénicher des pièces intéressantes dans un registre plus classique. Pour sa première participation, Fleury apporte quelques beaux tableaux abstraits d’André Lanskoy, Karel Appel ou Geer van Velde, de même qu’une Composition abstraite (1967) en rouge et bleu de Serge Poliakoff. Alors que Giuseppe Pero (Milan) annonce une étonnante pièce photographique de Giuseppe Penone exécutée en 1970 (une suite de quatre tirages alignés verticalement sur une hauteur de 130 cm et figurant un sportif nu saisi depuis plusieurs points de vue), Véronique Smagghe (Paris) et W-Éric Landau (Paris) rendent hommage à Raymond Hains, à travers un solo show.
Adepte des confrontations, Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) fait se rencontrer la peinture de Martin Barré avec des travaux sur bois du jeune Américain Michael DeLucia, pendant que Jean Brolly (Paris) expose des poussières de gravats agglomérées en d’étranges formes géométriques par Simon Boudvin qui entrent curieusement en résonance avec des abstractions de David Tremlett et François Morellet… tout aussi géométriques
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Le Moyen-Orient s’installe à Art Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°387 du 15 mars 2013, avec le titre suivant : Le Moyen-Orient s’installe à Art Paris