S’il n’est pas à l’origine du projet du Centre Pompidou-Metz, lancé en 2003, Alain Seban, le président du Centre Georges-Pompidou depuis le mois d’avril 2007, en assure aujourd’hui la livraison. Pour lui, c’est une nouvelle ère qui commence…
L’œil : Quel est l’intérêt pour le Centre Georges-Pompidou de délocaliser ses collections par le biais d’une institution « sœur » et d’un Centre Pompidou mobile [lire p. 33] ?
Alain Seban : Si une grande institution culturelle nationale comme le Centre Georges-Pompidou n’a pas grand-chose à prouver sur le plan de la légitimité culturelle, elle doit aussi se construire une légitimité sociale. Pompidou-Metz comme le musée mobile s’inscrivent dans cette démarche. Qu’est-ce qu’une grande institution culturelle nationale comme le Centre Pompidou peut apporter pour aider à revitaliser, à travers la culture, une région – la Lorraine –, et une ville – Metz – qui ont été durement éprouvées par l’histoire, la désindustrialisation et aujourd’hui la restructuration des armées ? On a comparé le projet de Metz à celui du Guggenheim-Bilbao. Dans l’esprit de Jean-Marie Rausch, le maire de Metz qui a déposé en 2003 la candidature de la ville, il y avait cette référence à l’impact extraordinairement positif qu’a eu ce musée sur la revitalisation du Pays basque espagnol.
L’œil : Cela signifie-t-il que la décentralisation culturelle relève de l’initiative des établissements publics et non plus du ministère de la Culture ?
A. S. : C’est inverser les choses que de dire cela. La décentralisation culturelle a été le fait majeur des années 1980-1990. Or les grands établissements culturels parisiens, comme le Centre Pompidou, le Louvre, et le musée d’Orsay, sont, à l’époque, restés complètement à l’écart de ce phénomène.
Le Centre Pompidou-Metz répond plutôt à la question de savoir comment une grande institution nationale peut accompagner cette réalité de la décentralisation culturelle. Cette expérience est unique, il ne s’agit pas de la matrice d’un prototype qui pourrait être ensuite reproduit dans d’autres régions. Nous essayons au contraire de réinventer le modèle du Centre Georges-Pompidou, de réactualiser ses fondamentaux dans un espace où existent déjà des acteurs culturels et des acteurs politiques locaux. Ce qui est passionnant pour nous est de savoir comment établir de nouveaux rapports avec des collectivités politiques autres que l’État.
L’œil : Les expositions à venir au Centre Pompidou-Metz, après la grande exposition d’ouverture « Chefs-d’œuvre ? », se nourriront-elles exclusivement du fonds parisien ?
A. S. : Le principe, posé depuis l’origine, est que le Centre Pompidou-Metz présente en permanence une sélection d’œuvres provenant de la collection parisienne sur au moins deux tiers de sa surface. C’est un atout considérable que d’avoir cet accès privilégié à la première collection d’art moderne et d’art contemporain en Europe.
Mais nous voulons également déplacer la frontière entre collection permanente et exposition temporaire, autrement dit créer un lieu d’exposition temporaire adossé à une grande collection permanente. Nous concevons des présentations qui sont à mi-chemin entre les expositions temporaires et la relecture d’une collection permanente, un peu dans l’esprit de ce que nous essayons de faire à Paris avec la politique engagée dans le cadre de « Big Bang » et aujourd’hui de « Elles ».
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Alain Seban : « À Metz, nous réinventons le modèle du Centre Georges-Pompidou »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°625 du 1 juin 2010, avec le titre suivant : Alain Seban : « À Metz, nous réinventons le modèle du Centre Georges-Pompidou »