FRANCE
Trois ans après le lancement du programme, trois premiers prix ont distingué autant de projets associant promoteurs et artistes parmi les 170 qui ont été réalisés depuis 2016.
France. En mai dernier, le ministre de la Culture Franck Riester remettait les trois premiers prix du programme « 1 immeuble 1 œuvre » lancé par la ministre Fleur Pellerin en décembre 2015. En septembre, à l’issue de ses trois ans de mandat, le comité stratégique chargé de la mise en œuvre et du respect de sa charte sera renouvelé. Le programme imaginé conjointement par Arthur Toscan du Plantier, alors conseiller chargé des arts plastiques de Fleur Pellerin, et par Laurent Dumas, président du groupe Emerige, commence à devenir tangible. Plus de 300 œuvres ont été commandées ou achetées à des artistes pour les parties communes de projets immobiliers privés, qu’il s’agisse d’une construction ou d’une rénovation. Parmi ces projets, 170 ont été réalisés à ce jour.
Les trois premiers trophées remis donnent un échantillon des destinations des œuvres produites : la grande majorité d’entre elles concernent des résidences d’étudiants et de seniors (*). L’un des prix a ainsi été attribué à Bouygues Bâtiment France Europe associé au promoteur LinkCity pour la commande passée à cinq street-artistes (Asto, Astro, Olivia de Bona, Théo Lopez et Zdey) pour la résidence étudiante Ambroise-Croizat à Villejuif (Val-de-Marne) [voir ill. ci-dessus]. Tandis que Vinci Immobilier et Louise Frydman ont été distingués pour les créations en céramique installées dans des immeubles résidentiels de Puteaux (Hauts-de-Seine), et qu’Emerige et Eva Jospin l’ont été pour La Traversée [voir ill. ci-dessous], une forêt de carton monumentale destinée à Beaupassage, îlot de résidences de luxe et de commerces de bouche aménagé dans le 7e arrondissement de Paris.
La liste des promoteurs signataires de la charte « 1 immeuble 1 œuvre » s’étoffe progressivement. Leur nombre est passé de 13 en 2015 à 34 aujourd’hui. Comparé aux 600 entreprises immobilières que recense la Fédération des promoteurs immobiliers de France (FPI), il paraît encore bien modeste et l’absence d’un certain nombre de groupes leaders dans le secteur tel que Nexity ou Kaufman & Broad montre le chemin encore à parcourir. « Le but n’est pas d’avoir les 600 mais de couvrir toutes les régions et des villes de tailles différentes, que ce soit à travers des grands groupes qui irriguent par leur filiale sur le territoire ou à travers des entreprises régionales », réplique Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI, partie prenante du programme depuis le début.
En trois ans, la taille et le profil des entreprises signataires ont évolué dans cette perspective. En 2015, les premiers signataires de la charte réunissaient quelques grands groupes du secteur (BNP Paris Paribas Real Estate, Eiffage Immobilier, Vinci Immobilier), des filiales de ses majors (Bouygues Bâtiment Ile-de-France, Marignan) et des sociétés de taille relativement importantes (Emerige ou Gécina). Depuis 2016 le parterre s’est élargi à des sociétés de plus petite taille et pour huit d’entre elles à des entreprises implantées en régions comme Boulle dans le Bas-Rhin, Primalp à Annecy, Covivio à Marseille ou AFC – présidée par Alexandra François-Cuxac – à Bordeaux, Toulouse ou Montpellier. Des opérateurs sociaux pourraient rentrer dans le programme dans un proche avenir, le ministère de la Culture y travaille. Un dialogue a été amorcé avec l’Union sociale pour l’habitat, Toit et Joie et la Fédération nationale des sociétés coopératives d’HLM.
« Les promoteurs ne sont pas tous organisés de la même manière et n’ont pas tous une sensibilité pour l’art contemporain », indique Alexandre François-Cuxac, relativement à la mise en place du programme. Arthur Toscan du Plantier, directeur aujourd’hui de la stratégie et du mécénat d’Emerige et président de la toute nouvelle association « 1 immeuble 1 œuvre », rappelle de son côté « la temporalité inhérente au processus immobilier, en général trois ans ». « La plupart des premiers projets engagés en 2016 ont vu le jour en 2018. Un nombre important sont en cours dans les années à venir », précise-t-il. Il y aurait autant de commandes que d’achats, la répartition territoriale des projets s’établissant à 46 % pour Paris et Ile-de-France, le reste pour les régions.
Les artistes sont de toutes les générations et croisent toutes les disciplines, de Daniel Buren à Marie Denis en passant par Marc Vellay, Fabrice Hyber, Nathalie Elemento ou Raphaël Zarka. La scène artistique française est privilégiée et la galerie figure au centre de la commande ou de l’achat. « Plus d’une œuvre sur deux est commandée à un artiste régional ou local », précise Arthur Toscan du Plantier. VDP Marignan a ainsi acquis deux œuvres de l’artiste d’origine ardéchoise Pierre Riba pour l’une de ses résidences à Antibes.
« Par rapport aux initiatives visant à sensibiliser à l’art contemporain à des gens plutôt étrangers à ce domaine, l’un des atouts du programme est de voir se développer des projets en régions », note la galeriste Marion Papillon, membre du premier comité en tant que personnalité qualifiée au même titre que Fabrice Hyber ou Jean de Loisy.
(*) Dans le deuxième paragraphe il fallait lire : « Les trois premiers attribués donnent un échantillon des destinations des œuvres produites : la grande majorité d’entre elles concernent des résidences, parmi lesquelles des résidences d'étudiants et de seniors. »
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« 1 immeuble 1 œuvre » prend son envol
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°528 du 6 septembre 2019, avec le titre suivant : « 1 immeuble 1 œuvre » prend son envol