Société

Une pétition s’indigne contre une toile de Balthus exposée au Met

Par Bénédicte Gattère · lejournaldesarts.fr

Le 6 décembre 2017 - 492 mots

NEW YORK (ÉTATS-UNIS) [06.12.17] - Une pétition a été lancée pour faire enlever Thérèse rêvant de Balthus des cimaises du Metropolitan Museum of Art. En 72 heures, elle a recueilli plus de 7000 signatures. Le musée ne compte cependant pas céder face à la pression.

Thérèse rêvant, une toile de Balthus datée de 1938 représentant une petite fille s'étirant sur une chaise, dans un état de demi-conscience, abandonnée dans une pose lascive, crée une polémique parmi les visiteurs du MET de New York qui ont lancé une pétition. La fillette de 12 ou 13 ans, voisine parisienne de Balthus au moment où il l'a peinte, le pied relevé, posé sur le bord de la chaise y dévoile sa culotte. Mia Merril, la jeune entrepreneure à l'origine de la pétition « [classerait] volontiers cette œuvre dans la catégorie pornographique » ainsi qu'elle l'a confié au Daily Mail.

Alors que la pétition mise en ligne sur le site a pour objectif d'atteindre les 8000 signatures, la jeune américaine s'est dite « surprise » d'avoir reçu « beaucoup de soutiens ». Pour elle, « étant donné le climat actuel et les affaires de harcèlement sexuel », il est n'est pas de bon ton que « le Met romantise le voyeurisme et l'objectification des enfants ».

Ce n'est cependant pas la première fois que les œuvres du franco-polonais suscitent le scandale ; certaines étant bien plus suggestives que Thérèse rêvant. Ainsi en 2014, l'exposition prévue au musée Folkwang d'Essen avait été annulée. Elle devait présenter des polaroids mettant en scène Anna, son dernier modèle, à l'âge de 8 ans, alanguie, à moitié déshabillée, offerte au regard du spectateur. Ces images avaient provoqué une levée de boucliers.

D'autres toiles de l'artiste érotisent encore plus explicitement l'image de la petite fille, son but étant de montrer à la fois l'innocence et la cruauté en un même mouvement. Le plus souvent le symbole de l'innocence est du côté du sujet, généralement une petite fille et la cruauté du côté du regardeur, auquel, inconsciente, endormie ou rêveuse, elle est abandonnée. L'iconographie prend alors sa source dans un fantasme de viol dont La Leçon de guitare présentée en 1934, est emblématique. Le Museum of Modern Art (MoMa) de New York, auquel le fils d'Henri Matisse l'avait offert avait dû s'en séparer à la demande de ses membres bienfaiteurs.

Mais le Met refuse de décrocher la toile. Son porte-parole Kenneth Weine s’en explique, pour lui, la mission du musée est de « collecter, d'étudier, de conserver et de présenter des œuvres d'art significatives de toutes les époques et de toutes les cultures ». À l'heure actuelle, le combat pour le droit des femmes est aujourd'hui un combat reconnu et la parole se libère au sujet du harcèlement suite à l'affaire Weinstein, et - dans le monde de l'art –, de l'affaire Landesman. Pour Kenneth Weine, « le sens de l'art est de refléter différentes périodes, et pas seulement la période actuelle ».

Légende photo

Balthus (1908–2001), Thérèse rêvant, 1938, 149,9 x 129,5 cm, huile sur toile, collection du Met, New York.

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