Foire & Salon

Les femmes font entendre leur voix à Paris Photo

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 9 novembre 2017 - 757 mots

PARIS [09.11.17] - Les femmes photographes, l’actualité et les contestations subversives des années 1960-70 dominent une édition 2017 de Paris Photo particulièrement tonique tant dans ses propositions que dans ses premières ventes.

Vernissage de Paris Photo, au 1er plan la galerie Peter Fetterman, le 8 novembre 2017 © photo Ludovic Sanejouand
Vernissage de Paris Photo, au 1er plan la galerie Peter Fetterman, le 8 novembre 2017.
© Photo Ludovic Sanejouand

Le portrait de Barack Obama de Katy Grannan chez Fraenkel ne passe pas inaperçu. Pas plus que les photographies de Patti Smith et sa sélection de photographes chez Gagosian qui tranchent avec les choix traditionnels de la galerie pour Paris Photo mais pas avec les prix. Il faut en effet compter entre 3 500 et 4 500 € en édition de 10 pour des portraits en petit format de lits, lieux, effets personnels ou pierres tombales de ses figures littéraires ou artistiques.

Pas de doute : les femmes photographes donnent le ton de cette édition 2017, du moins une de ses grandes dominantes, et ce toutes générations confondues. Dès l’entrée principale de la foire, les dernières photos de Vivian Sassen chez Stevenson, les portraits de Dorothée Smith aux Filles du Calvaire et le solo show d’Ilse Bing chez Karsten Greve interpellent le regard. Quelques pas plus loin, ce sont les portraits inédits de la très jeune et méconnue Andrea Torres Balaguer qui attirent sur le stand de In Camera.

Jamais les femmes photographes n’ont été aussi présentes. Les derniers photo-objets de Christiane Feser (Anita Becker), la série inédite en France Oh Man de Lise Sarfati (Galerie Particulière), le duo show Isabelle le Minh/Marina Gadonneix (Christophe Gaillard) ou celui de Liz Nielsen/Chloe Sells (NextLevel) ont d’ailleurs trouvés preneurs dès l’ouverture de la foire comme Sophie Zénon (Thessa Herold), Vanessa Beecroft (Caroline Smulders & Lia Rumma) ou Susan Meiselas (Dantziger).

Chez Fifty One, la juxtaposition des collages de Katrien de Blauwer (830 €) avec quatre photographies de l’iconique série Untitled Film Still de Cindy Sherman (de 170 000 à 300 000 €), outre de dialoguer à merveille sur le statut des femmes, rappellent de leur côté l’extrême diversité des prix en vigueur à Paris Photo. Femmes derrière ou devant la caméra (tout aussi nombreuses) engagent chez le galeriste japonais Nap, à une autre sélection de séries rares en particulier de Mao Ishikawa et de Kenshichi Heshiki sur la situation à Okinawa dans les années 1950 durant l’occupation américaine. Echos d’une guerre que l’on retrouve chez Blau où les conflits du XXe siècle livrent comme d’habitude des archives inédites de photographes telle celles Rudolph Brandt et Joy Lacks sur la bataille de Shanghai, prélude de la guerre sino japonaise.

La place inédite tenue par l’histoire du XXe siècle et l’actualité est à cet égard l’autre grande particularité de cette édition 2017. Jamais Paris Photo ne s’est fait autant l’écho des soubresauts, désastres et révoltes de ce monde. Polaris se risque ainsi à faire un solo show (son premier depuis sa première participation à la foire) avec les photographies de guerre en Irak et en Syrie de Matthias Bruggman à l’instar de la galerie Maubert avec l’Iranien Payram. Le triptyque de Pascal Convert évoque quant à lui la destruction des bouddhas de Bamiyan (Éric Dupont) tandis que la dernière série Sumud de Luc Delahaye (Nathalie Obadia) évoque la situation en Palestine comme celle plus ancienne de Miki Kratsman (Chelouche), Targeted Killing réalisée en 2010.

Les trois récits de Boris Mikhaïlov (Suzanne Tarasieve) racontent la situation en Ukraine et en Russie, des années 1970-80 aux années 2010. Les autoportraits de Jozef Robakowski de la série My Fotovideo masochisms (Asymetria) parlent sans détour de la torture. L’Argentin Marcelo Brodsky (Rolf Art) lui surfe sur l’esprit rebelle de Mai 1968.

Le set complet de 100 vintages la série From Back Home de JH Engström (Jean-Kenta Gauthier), de Mario Cresci I rivolti, Charles Baudelaire (Sage) ou dans un tout autre genre les vintages de Karl Hugo Schmöltz (Van der Grinten) sur l’architecture allemande des années 1950, montrent d’autres raretés que réservent les galeristes pour Paris Photo. Et elles sont particulièrement multiples cette année avec là encore, et comme de coutume, une grande fourchette de prix : de 4 000 € pour Schmöltz, 55 000 € pour les 46 photographies de Cresci à 170 000 € pour un Water Tower de Bernd et Hilla Becher.

A la différence de la Fiac où s’imposait chez Marian Goodman l’un des derniers grand formats de Thomas Struth, Paris Photo concentre un précis vertigineux de l’histoire de la photographie jusqu’à nos jours. Encore s’agit-il de prendre son temps pour l’appréhender bien qu’aujourd’hui la scénographie des stands particulièrement soignée aide à sa lecture.

Paris Photo

Du 9 au 12 novembre 2017 au Grand Palais

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