États-Unis - Politique

Trump veut définitivement se débarrasser des agences culturelles

Par Shahzad Abdul (correspondant à Washington) · lejournaldesarts.fr

Le 24 mai 2017 - 551 mots

WASHINGTON (ETATS-UNIS) [24.05.17] – Allant plus loin que dans le budget modificatif 2017, Trump veut purement et simplement supprimer les agences culturelles fédérales, dont la NEA, dans le projet de budget 2018.

L'art n'est pas affaire d'état. C'est en substance le message qu'a fait passer Donald Trump dans le projet de loi de finances 2018 dévoilé hier, mardi 23 mai, par le gouvernement américain. Sa proposition de budget, cette fois pour l'année fiscale 2018, qui commence au 1er octobre 2017, va encore plus loin que les précédents signaux envoyés à la communauté artistique.

Le texte, baptisé « une nouvelle fondation pour la grandeur américaine », projette de couper les financements des quatre agences fédérales qui gèrent la politique culturelle américaine, mais également de mettre la clé sous la porte notamment des deux principales structures, celles de la National Endowment for the Arts (NEA) et de la National Endowment for the Humanities (NEH). En clair, même si ces agences trouvaient des financements privés, elles ne pourraient plus fonctionner comme entité gouvernementale.

Il est toutefois très peu probable que le budget, centré sur la Défense et qui promet des coupes claires dans l'aide sociale, soit adopté en l'état. Le Sénat, début mai, avait déjà infligé un camouflet au président républicain sur son budget modificatif 2017, maintenant en vie ces quatre agences déjà menacées et augmentant même de quelques millions le financement de certaines d'entre elles.

Dans le budget proposé mardi, Washington « propose de fermer » en 2018 la NEA, la plus influente de ces agences, « compte tenu du financement important fourni par le privé ou d'autres sources publiques et parce que l'administration ne considère pas les activités de la NEA comme relevant de la responsabilité fondamentale du gouvernement fédéral », peut-on lire dans le texte. Le gouvernement sollicite pour ce faire 29 millions de dollars « pour conduire la fermeture de l'agence. »

La NEA, avec son budget de 150 millions de dollars, est chargée d'aider les institutions culturelles ainsi que les artistes à se financer et donne une caution aux organisations avec lesquelles elle travaille. Sa porte-parole a affirmé que l'agence « continuerait de fonctionner normalement jusqu'à ce qu'un nouveau budget soit adopté au Congrès », évoquant « une très longue procédure. » En effet, le texte doit passer par le Capitole, qui a sa propre vision du budget fédéral, avant d'être définitivement ratifié par Donald Trump. Il devrait faire l'objet d'intenses tractations au parlement, où un compromis devra être trouvé avant le 30 septembre, pour éviter une paralysie du gouvernement.

Les mêmes arguments que pour la NEA sont avancés dans le projet de loi de finances 2018 pour la proposition de fermeture de la NEH, dont le président William Adams a démissionné la veille, lundi 22 mai. Quant aux deux autres agences, l'Institute of Museum and Library Services et la Corporation for Public Broadcasting, le budget prévoit également leur « élimination. »

Si le budget de ces agences ne représente qu'une infime partie du financement de l'art en Amérique (celui de la NEA, à titre d'exemple, ne représente qu'environ 1 %), elles sont néanmoins les poumons du système culturel américain et leur poids symbolique est extrêmement important. « Dans ces temps dangereux, notre attention accrue portée à la sécurité envoie un message clair au monde : un message de force et de détermination », a écrit Donald Trump en préface du document. Un message anti-culturel, aussi.

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Portrait officiel de Donald Trump © Photo United States Department of State - 2016 - Photo sous Licence Domaine public CC0 1.0

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