Art contemporain

Le changement climatique exposé sous la fenêtre de Trump

Par Shahzad Abdul (correspondant à Washington) · lejournaldesarts.fr

Le 4 septembre 2017 - 532 mots

WEST PALM BEACH / ETATS-UNIS

WEST PALM BEACH (ETATS-UNIS) [04.09.17] - Une exposition montrant les conséquences des activités humaines sur l’environnement ouvre près de la résidence de week-end de Donald Trump en Floride.

Difficile d'envoyer un message plus directement. Trois mois après que Donald Trump a choqué la planète en retirant les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, un artiste new-yorkais va exposer, presque à sa porte, l'évidence du changement climatique. Le photographe américain Justin Brice Guariglia présente ses travaux à partir de mardi 5 septembre, jour de rentrée en Amérique, au Norton Museum of Art de West Palm Beach, en Floride. Soit sur la rive ouest du petit lagon qui le sépare de la très luxueuse résidence du président américain à Mar-a-Lago, aussi appelée la "Maison Blanche d'hiver", où M. Trump passe quasiment tous ses week-ends.

L'exposition Earth Works : Mapping the Anthropocene, volontiers présentée comme « opportune » par le musée, regroupe 22 clichés aériens qui montrent l'impact direct de l'homme sur la fonte des glaciers. Les photos ont été prises ces dernières années, notamment lorsque Justin Brice Guariglia a survolé le Groenland à sept reprises en 2015-2016 avec la Nasa dans le cadre de la mission « Operation IceBridge », censée mesurer les effets de la fonte sur le niveau des océans. Ensemble, ces « travaux photographiques » servent à « illustrer avec une preuve visuelle et à travers des métaphores la complexité de l'impact humain sur la planète », souligne le musée.

L'artiste « brouille la démarcation entre photographie et peinture », en superposant sur ses clichés plusieurs couches de matériaux, allant de la peinture acrylique au polystyrène, en passant par des feuilles d'or. Résultat, les oeuvres exposées, mesurant pour la plus grande 3,65m sur 4,87m, agissent comme des trompe-l’œil offrant un niveau « éblouissant » de détails.

« Les travaux de Justin pour cartographier l'impact de l'homme sur la planète vont bien au-delà de la prise de photos qui sont formellement et esthétiquement convaincantes », explique Tim Wride, le commissaire de l'exposition. « Son utilisation de matériaux dans le produit final est ce qui place véritablement ce travail à l'écart de ses contemporains. »

Les clichés de cet ancien photojournaliste offrent un nuancier surprenant de couleurs et de styles. Il y a bien entendu de grandes planches de glaciers blancs immaculés, craquelés ici et là. Mais aussi d'autres photos rappelant des dessins chinois, inspirés certainement de ses voyages en Asie, ou encore une autre sur fond noir avec de petites taches blanches, prise probablement de nuit et à une très haute altitude, conférant au tout quelque chose de pointilliste.

« L'une des choses, précisément, que l'artiste peut faire, est d'aider à donner forme à la réalité et, en même temps, avoir un message politique et social », a affirmé Justin Brice Guariglia. « Les artistes de nos jours doivent en fait utiliser l'art pour porter un message crucial », pense-t-il. Le sien a tout du pied de nez au climato-sceptique Donald Trump, qui avait choisi le 1er juin dernier de quitter l'accord climatique international scellé fin 2015. Le président américain goûtera certainement peu au fait que l'artiste a financé son exposition grâce à une aide fédérale de 20 000 dollars.

Légende photo

Vue de l'installation du photographe américain Justin Brice Guariglia au sein de sa galerie © Photo Brice777 - 2015 - Licence CC BY-SA 3.0

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