SAINT-PÉTERSBOURG (RUSSIE) [01.02.17] – Des enquêteurs de l’ex-KGB ont saisi des documents au Musée de l’Ermitage en relation avec une affaire de corruption liée à la construction de nouvelles réserves du musée. Une affaire qui en cacherait d’autres.
Lutte contre la corruption ou mise au pas des institutions culturelles ? Dans l’après-midi de mardi, des enquêteurs du FSB (ex-KGB) ont fait irruption dans les bureaux du Musée de l’Ermitage afin de saisir des documents apparemment liés à la disparition de plusieurs dizaine de millions d’euros lors de la construction d’un nouvel entrepôt devant abriter des collections.
L’affaire concerne un contrat d’une valeur de 57 millions d’euros entre le musée mondialement connu et une société moscovite (MekhStroiTrans), dont les directeurs sont impliqués dans une affaire beaucoup plus vaste de corruption au sein du ministère de la Culture pour des travaux de restauration.
Dans l’affaire concernant l’Ermitage, MekhStroiTrans est accusé d’avoir reçu une avance de 15,5 millions d’euros pour des travaux qui ont pris beaucoup de retard et pour lesquels les sociétés sous-traitantes du contrat n’ont pas été payées. L’année dernière, la direction du musée pétersbourgeois avait pris la défense de MekhStroiTrans, indiquant qu’un nouvel accord avait été trouvé et que le retard ne « présente pas de caractère critique ». Mardi, le service de presse du musée a confirmé le raid du FSB, mais indiquait qu’aucun responsable ne voulait commenter la situation.
Selon la presse locale, la construction des nouvelles réserves de l’Ermitage (qui se trouvent de l’autre côté de la Neva) est très en retard par rapport au calendrier prévu. Coïncidence ou non, le tribunal moscovite chargé de cette affaire examinait le jour même de l’intervention une plainte du parquet visant à déclarer MekhStroiTrans en faillite, avec placement sous tutelle judiciaire.
Selon le site d’information en ligne fontanka.ru habituellement bien informé, l’intervention viserait le vice-directeur de l’Ermitage Mikhaïl Novikov, qui est responsable de la construction. Toujours selon fontanka.ru, le raid a été mené par des hommes du « Service de protection de l’ordre constitutionnel et de la lutte contre le terrorisme » au sein du FSB. Quel rapport avec un détournement de fonds ? C’est pourtant précisément ce service qui est chargé de la « protection » des institutions culturelles depuis plusieurs mois. Or, la descente de police intervient aussi dans un contexte de tensions entre le directeur de l’Ermitage Mikhaïl Piotrovski et le clergé orthodoxe, qui cultive des liens étroits avec le FSB et le gouverneur de Saint-Pétersbourg Gueorgui Poltavchenko, un ancien du KGB. Au nom de l’association des musées russes, le directeur de l’Ermitage a pris la tête d’une fronde contre le transfert de plusieurs musées sous l’autorité du clergé orthodoxe.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Descente des services secrets russes à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Mikhail Piotrovski, directeur du musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg © Photo B. Duggan / courtesy musée de l'Ermitage