Le ministère décrète l’ouverture du musée Picasso mi-septembre

Les propos incendiaires de Claude Picasso dans les colonnes du Figaro, vendredi 2 mai ont forcé le ministère de la Culture à prendre plus formellement position sur la réouverture du musée Picasso. Le fils du peintre avait notamment déclaré : « Je ne vois aucune volonté de la part de la France d'ouvrir le musée en juin. Je suis allé voir Aurélie Filippetti pour la convaincre de son intérêt à ouvrir à la date prévue. […] La vérité, c'est qu'il n'y a aucune envie positive d'ouvrir le musée. Je me fais balader, j'ai l'impression que la France se fout de mon père et aussi de ma tête! » Dans la foulée, Jean-François Bodin, l’architecte avait indiqué que le musée pouvait rouvrir en juin, date initiale fixée par Anne Baldassari dans nos colonnes.

C’est par une inhabituelle déclaration officielle à l’AFP dimanche 4 mai, que la Rue de Valois a fixé la date d’ouverture « mi-septembre » après avoir laissé entendre de manière officieuse il y a une quinzaine de jours que la réouverture ne pourrait pas intervenir avant l’automne.

Mais cette décision est loin d’éteindre la polémique sur les raisons de ce retard et les atermoiements dans la communication.

Le bâtiment a-t-il été livré à temps ? Il y a en fait trois zones : l’Hôtel de Salé qui abrite le lieu, des installations techniques à proximité et la boutique dans un autre bâtiment en face du musée. S’il est acté que la boutique ne peut être ouverte avant septembre, la confusion règne quant aux deux autres zones. Selon l’architecte, l’Hôtel de Salé a été livré à temps, fin mars. « Faux », répond le ministère qui indique fin avril, ce qui n’empêche pas cependant une ouverture des lieux en juin ou juillet. S’agissant de l’aile technique, « dont les travaux seront achevés fin mai », selon le ministère, rien n’est clair quant à la nécessité qu’il soit opérationnel le jour de l’ouverture.

Autre raison invoquée pour justifier le retard, l’absence effective du personnel de surveillance et de sécurité. Si l’on ne conteste pas au musée que tout le personnel n’est pas là pour une ouverture en juin, la responsabilité relève plutôt du ministère qui après avoir décidé d’internaliser ce personnel en septembre dernier n’aurait pas fait tous les efforts pour organiser son arrivée dans les temps. Quoiqu’il en soit, les Musées nationaux ne manque pas de personnel que l’on pourrait faire venir temporairement pour assurer une ouverture dans les temps.

« Nous ne sommes pas à quelques semaines près, après cinq ans de fermeture » a indiqué avec un bon sens apparent, Vincent Berjot, le directeur du patrimoine au ministère. Cependant un retard de 2 à 3 mois fait perdre entre 500 000 et 700 000 euros de recettes de billetterie. Avant sa fermeture le musée accueillait 130 000 visiteurs payants (Palmarès des musées du Journal des Arts). Or compte tenu de l’effet réouverture, de l’augmentation de la fréquentation en été et du doublement des capacités d’accueil, ce sont au moins 60 000 visiteurs qui sont perdus, pour un billet d’entrée autour de 10 euros.

L’autre raison qui explique enfin la gestion calamiteuse de ce dossier réside dans les tensions entre le ministère et Anne Baldassari. Rue de Valois, on pointe les trois directeurs généraux qui se sont succédé pour souligner le management conflictuel de la présidente qui serait en train de négocier son départ.

La fin de la partie est loin d’être sifflée et pourrait être relancée lundi 5 mai. Manuel Valls doit en effet rencontrer Claude Picasso ce jour-là, selon nos confrères du Figaro (mais cela ne figure pas dans l’agenda du Premier ministre).