« Un jour, une œuvre » en prison : quand le musée rend visite à son public « empêché »

Centres commerciaux, salles des fêtes, maisons de quartier, ou encore mairies… tous sont plutôt coutumiers des expositions d’art contemporain. En les prenant pour cadre, lors des huit précédentes éditions d’ « Un jour, une œuvre », le Centre Pompidou n’a pas véritablement innové. Mais lorsqu’il se rend auprès des détenus de la maison d’arrêt d’Osny, dans le Val-d’Oise, la démarche prend un air d’inédit. « À ma connaissance, c’est la première fois qu’un musée présente une œuvre originale de sa collection dans une prison », a déclaré à l'AFP le Président du Centre Pompidou, Alain Seban.

Selon le principe initié par « Un jour, une œuvre », c’est l’artiste lui-même, Philippe Mayaux, qui a pris sur lui d’expliquer à la cinquantaine de détenus intéressés, son polyptyque intitulé Les 4 Zéléments : air, eau, feu, pierre (1997-1998), où chaque entité prend l’apparence d’une figure chimérique. L’œuvre a été choisie par les responsables de l’établissement pénitentiaire et Philippe Mayaux, accompagné du conservateur Michel Gauthier, s’est proposé de répondre aux éventuelles questions à l’issue d’une présentation d’une heure environ.

Une telle manifestation s’inscrit dans un mouvement d’ouverture des musées à ceux qui les pratiquent le moins. « Un Français sur deux ne fréquente pas les musées de beaux-arts. Alors nous faisons sortir le musée de lui-même pour qu’il aille à la rencontre des publics », a indiqué Alain Seban. D’autres musées nationaux se sont lancés dans des démarches similaires ces dernières années, comme le musée du Louvre, qui s’introduit aussi auprès des détenus en exposant des reproductions de ses œuvres dans la cour de la Centrale de Poissy.