Plusieurs dirigeants du football demandent le retrait de la sculpture d’Adel Abdessemed

Depuis son installation devant le Centre Pompidou le 25 septembre dernier à l’occasion de l’exposition « Je suis innocent », la statue d’Adel Abdessemed n’en finit pas de faire parler d’elle. Haute de plus de cinq mètres, l’œuvre immortalise le coup de tête de Zidane à Marco Materazzi lors de la finale de la coupe du monde de football 2006. Photographiée par des milliers de passants et publié sur le web, des blogs d’amateurs à la BBC, Coup de tête n’a pas manqué de choquer ou d’enchanter.

Mais lundi 22 octobre le débat est monté d’un cran. Certains présidents de districts de football français, dont Michel Keff, nouveau président de l'ANPDF (association nationale des présidents de districts français), ont appelé le champion à réagir face à l’œuvre d’Abdessemed, qu’ils jugent « contraire à l'éthique sportive ». « Nous nous adressons aujourd'hui à l'ancien champion sportif, au futur entraîneur, à l'homme et surtout au papa que vous êtes, afin que vous puissiez dénoncer et faire cesser immédiatement cette utilisation négative de votre image ».

Le soir même, Alain Seban, président du Centre Pompidou, s’est dit choqué par cet « appel à la censure » , « Je ne peux pas croire qu'il soit dans leur esprit d'empêcher les artistes de créer ». « L'art porte un autre regard sur le monde et mon rôle est d'être garant de la liberté de créer des artistes » a ajouté le président.

Alors que pour les dirigeants sportifs, la sculpture d’Adel Abessemed véhicule une image négative du footballeur en mettant en scène « le geste le plus regrettable de l'immense carrière de Zidane », le commissaire de l’exposition, Philippe-Alain Michaud, y voit au contraire « une ode à la défaite ». Inscrite dans la tradition réaliste de la sculpture, le regard baissé de Zidane rappellerait un « Adam, chassé du Paradis ».

L’artiste, plusieurs fois censuré pendant sa carrière, revendique lui le « côté sombre du héros, le goût du destin et l’immédiateté retentissante d’un geste ».

Pour l’heure, malgré l’appel des dirigeants sportifs, le principal intéressé ne s’est toujours pas prononcé. (Avec AFP)