Versailles, vingt ans après

Ouverture des salles Empire au Musée d’histoire de France

Le Journal des Arts

Le 5 février 1999 - 493 mots

Après le XVIIe siècle, l’Empire. Le Musée d’histoire de France à Versailles poursuit sa réouverture, permettant au public de découvrir les salles consacrées à l’épopée napoléonienne, vingt ans après leur restauration.

VERSAILLES - Le passage du Grand Saint-Bernard par David, La révolte du Caire par Girodet, des toiles du baron Gros, de Regnault ou Carle Vernet dormaient, depuis des décennies, dans les salles Empire du Musée d’histoire de France (MHF). Cette institution, créée par Louis-Philippe au château de Versailles en vue d’exalter l’unité nationale, était tombée en disgrâce depuis la guerre de 1870, mais les nombreuses œuvres qui la composent avaient alors investi les manuels scolaires et les salles de classe de la République. Dans les années soixante et soixante-dix, on avait repris conscience de l’intérêt historique de ces galeries, et des restaurations avaient été entreprises. La rénovation des salles Empire était achevée depuis vingt ans, mais celles-ci étaient restées closes. Leur réouverture aujourd’hui succède à celle des salles du XVIIe siècle (lire le JdA n° 60, 5 mai 1998) qui, à leur tour, ferment leurs portes en raison de travaux dans l’aile nord du château. Une ouverture par rotation des différents secteurs du MHF sera mise en place à l’automne, car les effectifs de surveillance restent insuffisants. Estimant à 140 le nombre de gardiens manquants, Pierre Arizzoli-Clémentel, le directeur du musée, regrette que tous les postes créés cette année aient bénéficié à la Bibliothèque nationale.

Conçue par l’architecte Nepveu, “la muséographie de ses salles est intacte”, souligne-t-il par ailleurs. En effet, rien n’a changé depuis leur inauguration en 1837, en même temps que la galerie des Batailles à l’étage supérieur, après seulement quatre ans de travaux. Tous les volumes initiaux de ces pièces qui accueillaient, avant la Révolution, les enfants de Louis XVI, ont été bouleversés afin de permettre l’installation de tableaux de grand format chantant la geste napoléonienne. La plupart de ces œuvres avaient été commandées sous le règne de Napoléon mais, en raison des difficultés des dernières années, étaient restées en réserve. Pour l’accrochage, Nepveu avait fait le choix de la densité, ajoutant, autour des tableaux déjà serrés, des toiles décoratives.

Le parcours scande, sur tout le rez-de-chaussée de l’aile du Midi, les années fastes de l’épopée de Napoléon, des campagnes d’Italie de 1796 au mariage avec Marie-Louise d’Autriche, en 1811. La forte domination des scènes militaires, avec leur litanie d’uniformes, n’est pas étrangère au sentiment de répétition, mais ce musée est sans aucun doute le plus grand pour la peinture d’histoire de cette époque et vient rappeler le nom de quelques artistes oubliés. Outre les tableaux, ces salles recèlent d’autres richesses : le buste du pape Pie VII par Canova, bien sûr, mais aussi des sièges garnis de tapisseries de Beauvais issus de châteaux disparus comme Saint-Cloud ou les Tuileries. De ce dernier, proviennent également les trois imposants meubles d’appui réalisés par Jacob-Desmalter ; avec les deux grandes torchères voisines, ils étaient installés dans le Grand cabinet de l’Empereur.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Versailles, vingt ans après

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque