Fermées depuis trois ans, cinq salles du Musée des beaux-arts de Blois – abrité dans l’aile Louis XII du château – rouvrent leurs portes le 23 juin. Plus de trois cents peintures, sculptures et objets d’art, largement dominés par l’art français des XVIIe et XIXe siècles et représentatifs de l’activité artistique régionale, ont été sélectionnés parmi les vingt mille pièces de la collection. Cet événement s’inscrit dans le programme de rénovation générale de l’édifice, entrepris en 1989.
BLOIS - La demeure des Valois n’avait pas connu de tel chantier depuis les restaurations de Félix Duban, voici presque cent cinquante ans. Après la cour intérieure et les appartements de l’aile Louis XII – galerie des Tapisseries, salles des Guise et des Ferronneries – aménagés en 1993, cinq pièces viennent compléter ce premier parcours.
Les volumes des espaces et les cheminées monumentales ont été conservés, tandis que les murs, tendus de velours rouge et bleu, respectent les tonalités des plafonds revus par Duban. Le financement des travaux a été pris en charge par la municipalité et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Centre : 2 millions de francs pour la rénovation, 230 000 francs pour l’aménagement muséographique.
Le parcours, chronologique, comprend essentiellement peintures et sculptures, auxquelles vient se joindre une collection d’horlogerie, dont Blois se fit une spécialité aux XVIe et XVIIe siècles. À côté des chefs-d’œuvre du musée – L’enlèvement d’Europe, attribué à Jean Cousin le fils, La mort de Lucrèce, de Claude Vignon, Éliézer et Rébecca, de Sébastien Bourdon, une charmante esquisse de Boucher, ou encore deux superbes bustes de Jean-Baptiste Lemoyne –, le visiteur peut admirer des objets peu connus voire inédits, sortis des réserves et tous restaurés ou bichonnés pour la circonstance. La salle des portraits du XVIIe siècle provenant en partie des châteaux de Beauregard (Loir-et-Cher) et de Saint-Germain Beaupré (Creuse), évoque les galeries de personnages illustres de l’époque.
Des ensembles importants et homogènes sont particulièrement représentatifs des sculpteurs actifs ou originaires de la région : un groupe remarquable de médaillons en terre de Jean-Baptiste Nini, des médailles de Daniel Dupuis (dont le musée possède le fonds d’atelier), des sculptures d’Henri Varenne et d’Alfred-Jean-Baptiste Halou. Deux aspects du XIXe siècle – œuvres du début du siècle, troubadour (François Ier armé chevalier par Bayard, de Louis Ducis) ou romantiques (La mort d’Eurydice, d’Ary Scheffer), et œuvres réalistes (Saint Vincent, de Théodule Ribot, Enfants gardant les moutons, de Rosa Bonheur) – occupent les dernières pièces, faisant ainsi le lien avec la salle des Guise.
On ne peut cependant dissocier le musée du château. Son histoire y est liée, et, par là même, ses collections. Officiellement créé en 1850 par la municipalité, il trouve sa place dans l’enceinte du château, qui était jusque-là le domaine de l’armée. C’est alors que va se constituer le fonds, essentiellement grâce à la générosité des particuliers, mais aussi – dans une moindre mesure – par des envois de l’État, des dépôts du Louvre et des acquisitions.
L’étonnant dépôt lapidaire créé par Félix Duban (1797-1870), l’architecte chargé de la restauration de ce lieu exceptionnel, en constitue l’une des richesses. Moulages, fragments endommagés et déposés, en partie visibles actuellement, se côtoieront de façon plus exhaustive lors de l’exposition Duban prévue en 1996.
Cependant, le tuffeau, pierre fragile, nécessite aujourd’hui de reprendre le travail entrepris au siècle dernier. Si la cour est déjà achevée et la façade extérieure Louis XII en cours, la mise en chantier des loges de l’aile François Ier débutera l’année prochaine. Les appartements de cette dernière, magnifiquement rétablis par Duban de façon fantaisiste et colorée, aspirent eux aussi à une seconde jeunesse. Ils abriteront désormais le mobilier de style Renaissance et les céramiques.
Marie-Cécile Forest, conservateur du musée, prévoit un Guide des collections pour 1996, car le dernier catalogue date de 1882 et de nombreuses œuvres sont demeurées anonymes. Beaucoup d’autres, faute de place, dorment encore en réserve. Mais les conservateurs ne désespèrent pas “de regagner du terrain”, peut-être dans l’aile Gaston d’Orléans, aujourd’hui siège de la bibliothèque.
Château de Blois, tél. : (16) 54 74 16 06, ouvert tous les jours de 9h à 20h jusqu’au 31 août, jusqu’à 18h30 à partir du 1er septembre, entrée 32 F.
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Une rénovation en marche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Une rénovation en marche