Pour sa réouverture, le Musée John & Mable Ringling à Sarasota, en Floride, propose un nouvel accrochage de sa collection dans des salles rénovées. Et la restauration de la « Ca d’Zan », l’ancienne villa vénitienne du fondateur, devrait s’achever en 2001.
SARASOTA (de notre correspondant) - Lorsqu’en 1929, le “Roi du cirque”, John Ringling, a fondé son musée, il venait par ordre d’importance juste après le Metropolitan Museum of Art, à New York, du moins dans les États du Sud. Aujourd’hui, sa collection de peintures baroques est la plus complète des États-Unis, particulièrement riche en œuvres épiques de Rubens dont Ringling possédait la plus grande collection privée au monde. Son conseiller, le marchand allemand Julius Böhler, a été le premier conservateur du palais que Ringling avait fait construire dans la baie de Sarasota. Les colonnades rose abricot, ornées d’éléments architecturaux achetés en 1925 à Venise, entourent un jardin de sculptures où se dresse une reproduction du David de Michel Ange faisant deux fois la taille de l’original.
À la mort de son fondateur, en 1936, le musée possédait plus de six cents tableaux représentant toutes les écoles, dont les classiques indispensables dans les années vingt : Hals, Rubens, Poussin, Véronèse, mais aussi El Greco, Ribera, Vélasquez et Zurbarán. Des intérieurs historiques et des éléments d’architecture reproduisent le cadre des diverses époques, un château allemand ou la salle de bal de Mrs. Astor sur la Cinquième Avenue. Ringling avait également laissé une dotation permettant à la collection de s’agrandir sans jamais devoir se séparer d’œuvres.
La nouvelle installation du musée est la première intervention de Mitchell Merling, conservateur de l’art avant 1900. Disposant d’un choix très vaste, il a réintroduit le double accrochage qui permet de voir deux fois plus de tableaux. Comme lors de leur création, les salles – chacune décorée dans le style et avec les tissus d’une époque donnée – exposent également la collection d’arts décoratifs des Ringling. Ils sont regroupées par écoles nationales, avec une galerie d’art anglais créée dans l’esprit de Joseph Duveen, fort influent dans les années vingt et qui a été l’un des premiers administrateurs du musée, où est présentée la plus grande peinture exécutée par Gainsborough, le Portrait équestre du général Honywood (1764), tandis qu’une nouvelle acquisition, Céphale en pleurs auprès de Procris agonisant d’Abraham Janssens, évoque un côté plus sombre des goûts du fondateur.
Le directeur du musée, David Ebitz, procède actuellement à la restauration de la “Ca d’Zan”, la villa vénitienne que John Ringling avait fait édifier au bord de l’eau. Sa réouverture est prévue pour 2001 (avec, on l’espère, une copie de la gondole de son épouse). Elle constituera un témoignage de plus des passions et des ambitions d’un des plus grands collectionneurs de l’Âge d’or.
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Une Floride baroque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°96 du 7 janvier 2000, avec le titre suivant : Une Floride baroque