Vendue en 1795, une commode de Riesener revient à Versailles grâce à la Société des amis de Versailles qui réalise, à cette occasion, le don le plus généreux de son histoire.
La commode de Madame Adélaïde figure parmi les premières productions que l’ébéniste réalise pour la famille royale alors qu’il vient d’être nommé ébéniste ordinaire du Garde-Meuble de la Couronne en 1774. Elle est remarquable pour l’élégance de ses bronzes et le jeu de ses bois. Sa marqueterie de couleur s’appuie sur un treillage de losanges contenant chacun une fleur de tournesol, motif cher à Riesener. La riche polychromie provient des essences variées de bois naturels et de bois teintés, comme les cabochons en loupe d’érable dont la couleur bleue d’origine est devenue verte avec le temps.
Le 13 septembre 2018, le château célébrait le retour de la commode à son emplacement précis dans le cabinet de retraite de Madame Adélaïde (1732-1800), fille de Louis XV et de Marie Leszczynska, pour lequel il avait été livré en 1776. Le modèle plut tant que trois autres exemplaires du même type furent commandés la même année à Riesener pour d’autres membres de la famille royale.
L’acquisition par la Société des amis de Versailles de cette somptueuse commode a été financée principalement grâce aux legs de mesdames Simone Baraille, Micheline Cavallo et Monique Genneret. L’œuvre a été acquise de gré à gré avant la vente de la collection de feu Juan de Beistegui dispersée par Christie’s à Paris, le 10 septembre 2018.
La commande est d’abord transférée au château de Bellevue, maison de plaisance que le roi Louis XVI avait attribuée à ses tantes en 1774. Elle y demeure jusqu’à la Révolution. Vendue en 1795, elle passe à une date indéterminée en Angleterre. On la retrouve ensuite dans les collections de Lord Carnavon (1866-1923) avant son entrée, quelques décennies plus tard, dans celles de Juan Guillermo de Beistegui, son dernier détenteur, décédé en 2017.
Des trois legs, celui de Simone Baraille (1927-2015) est celui qui contribua le plus à cette acquisition. Cette ancienne sociétaire des Amis de Versailles, pharmacienne de métier, était une passionnée d’art et d’histoire. Célibataire et sans héritier direct, elle avait désigné la Société des amis comme légataire universel dans le but exclusif d’enrichir les collections de mobilier du XVIIIe siècle du château. Grâce à son legs, et au capital de son assurance vie, Versailles a pu acquérir trois autres œuvres de provenance royale : une paire de chenets par Pitoin, un plat d’entremets du service bleu céleste de Louis XV et une autre commode de Riesener, celle-ci livrée en 1779 pour Madame Élisabeth.
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Une commode de Riesener
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Une commode de Riesener