Collection - Musée

Une aiguière aux armes d’Isabelle d’Este

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 19 février 2025 - 434 mots

Le Musée du Louvre complète le prestigieux service de table d’Isabelle d’Este en acquérant une aiguière aussi spectaculaire que mythique.

Trésor national

Grâce à la générosité de sa Société des Amis, le Louvre vient d’acquérir l’aiguière aux armes et emblèmes d’Isabelle d’Este réalisée, en 1524, par Nicola da Urbino (vers 1480-1538). Reconnue trésor national depuis 2023, elle rejoint trois autres pièces issues du service de table en majolique le plus célèbre de la Renaissance. L’institution possède en effet un grand plat illustrant l’histoire d’Orphée, une coupe ornée du Festin de Didon et une assiette au décor biblique provenant du legs de la baronne Salomon de Rothschild en 1922.

Collection Rothschild

L’aiguière provient elle aussi des collections Rothschild et est bien documentée. Dès son achat au XIXe siècle, elle est considérée comme l’une des plus belles faïences italiennes. Publiée à plusieurs reprises, elle est décrite comme un « petit broc décoré avec tant de goût d’enfants et de grotesques ». Comme de nombreuses œuvres appartenant aux Rothschild, elle a été volée par les nazis. Cassée et recollée lors de sa spoliation, elle a été restituée en 1946 et transmise de génération en génération dans la famille.

Prima donna

Cet objet mythique qui a refait surface lors de la vente des collections Rothschild séduit surtout par l’aura de sa commanditaire. Il a en effet été exécuté pour Isabelle d’Este. Surnommée « la première femme du monde », la marquise de Mantoue fut une des personnalités les plus influentes du XVIe siècle et une grande mécène. Le Louvre possède déjà son portrait dessiné par Léonard de Vinci et les peintures qu’elle a commandées à Andrea Mantegna, Lorenzo Costa et au Pérugin pour son cabinet de travail.

Objet de prestige

Ce « service de vases de terre », comme elle le désigne dans sa correspondance, est un ensemble très prestigieux réalisé par un maître de la majolique, Nicola da Urbino. Cette faïence colorée et historiée était très prisée à la Renaissance, comme en atteste son décor fastueux inspiré de la grande peinture, à commencer par Raphaël. Les 24 pièces du service ont toutes été conservées et font la fierté des plus importantes collections publiques et privées.

Dimension symbolique

Objet assez « banal » puisqu’il s’agit d’une cruche en terre cuite, l’aiguière, précieuse par son pedigree, l’est aussi par son décor raffiné d’une richesse symbolique exceptionnelle. Polychrome sur fond bleu, il est typique de la majolique italienne avec ses enfants ailés, ses figures hybrides mi-humaines mi-fantastiques, ses mascarons et ses rinceaux. Au sein de ces références antiques se déploient le blason d’Isabelle, sa devise et ses emblèmes personnels dont la partition de musique et le candélabre d’or.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°783 du 1 mars 2025, avec le titre suivant : Une aiguière aux armes d’Isabelle d’Este

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