« Ici, on est dans l’entre-deux », disent les habitants. L’expression pourrait être dévalorisante ailleurs ; à Cuiseaux, elle signifie au contraire non pas l’ambiguïté, mais l’enrichissement.
Situé à la limite des langues d’oïl et d’oc, Cuiseaux se situe entre le Revermont jurassien et la Bresse, entre la plaine et la montagne, entre l’ancien duché de Bourgogne et le royaume de France, entre les vignobles et la forêt. Brûlé en 1477, le bourg se reconstruit. L’histoire par les remparts et la géographie avec les collines dessinent ses formes. On y entre par la porte du Verger, fortifiée au XIIe siècle. Des maisons Renaissance sont décorées de sculptures, une autre est ornée d’une échauguette, beaucoup ont encore le « trappon » pour manier les barriques. Les fontaines sont en nombre. L’hôtel particulier Nayme des Oriolles apporte sa touche XVIIIe, tandis que la couleur ocre de la pierre unifie les styles.
Les rues étroites mènent aux arcades de la place principale que domine la façade de la demeure de la famille Puvis de Chavannes. Pierre, le peintre des allégories et des décors muraux, y venait souvent. Il est l’un des deux artistes dont la commune s’enorgueillit. L’autre est Édouard Vuillard, l’enfant du pays, né au 48 de la Grande-Rue. Ker-Xavier Roussel devint son beau-frère. Le visiteur peut admirer à la Galerie d’Hauteville, du 7 juillet au 16 septembre 2018, dans le cadre de la quatrième édition d’une biennale destinée à accroître la notoriété de « Cuiseaux, pays des peintres », des portraits intimes de famille qui évoquent les affections discrètes, les tensions secrètes, le temps suspendu. Prêtés par les héritiers ou venus de collections privées, les tableaux, pastels et aquarelles, sont inconnus. Une occasion à saisir.
Le promeneur élargit ses découvertes architecturales et esthétiques à la mesure de ses pas et selon ses souhaits. Trois autres artistes contemporains sont invités en voisins à cette quatrième biennale. Ami du peintre Jacques Truphémus, mort en 2017, Jean Fusaro, qui peint toujours en suivant un dessin, « mon climat » dit-il, expose à la Galerie des princes d’Orange, dont la solide bâtisse date du XVe siècle. À la Galerie de la mairie, la sculpture représentant un cerf bramant de Gloria Friedmann, plasticienne « ingénue et libertine », milite pour la défense des animaux. À la Galerie de la cantine Morey, Ernest Pignon-Ernest, qui aime travailler sur la mémoire d’un lieu et en « perturber la symbolique », accroche une estampe éphémère, Pasolini Roma, le cinéaste italien étant sa référence de choix. D’autres manifestations artistiques sont prévues pour septembre. Le patrimoine cuisellien est assurément riche.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un village et des peintres
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Un village et des peintres