Le temple de Banteay Chmar, fondé à la fin du XIIe siècle par le roi Jayavarman au nord-ouest du Cambodge, a été massivement pillé en novembre et décembre. Le 5 janvier, plus de cent pièces khmères ont été saisies par les autorités thaïlandaises. Une équipe de l’Unesco les a identifiées comme provenant du mur d’enceinte de ce temple.
BANGKOK. Claude Jacques, conseiller spécial du directeur général de l’Unesco pour le Cambodge et Angkor, a constaté à la mi-janvier que des dizaines de mètres linéaires de bas-reliefs et des centaines de sculptures du temple avaient été arrachés. Des stèles du début du XIIIe siècle portant des inscriptions “tout à fait exceptionnelles et de grande valeur scientifique” ont également disparu, a-t-il affirmé à Bangkok, à son retour du Cambodge. Ces inscriptions, qui ne sont déchiffrables que par des spécialistes, seraient peut-être les seuls témoignages écrits de cette période. Selon l’épigraphiste, auteur d’un ouvrage sur Angkor, les villageois autour du site accusent les militaires cambodgiens de s’être livrés à un pillage systématique pendant un mois. Claude Jacques a cité plusieurs témoignages concordants, selon lesquels une division de 600 hommes a “travaillé” en plein jour au burin et au marteau-piqueur. Deux burins ont été retrouvés sur place par l’équipe de l’Unesco. Les témoignages rapportent que les sculptures étaient ensuite transportées jusqu’à la frontière thaïlandaise avant d’être chargées sur des camions en partance pour Bangkok. Le 5 janvier, un camion transportant 117 pièces arrachées sur un temple avait été intercepté sur la route de Prachin Buri, à l’est de Bangkok. Toutes les pièces avaient été saisies et déposées au musée de Prachin Buri, pour expertise par les autorités thaïlandaises. Claude Jacques estime que cette saisie représente à peine la moitié de ce qui a disparu à Banteay Chmar. Il a découvert en janvier, chez un antiquaire de Bangkok, une stèle du XIIIe siècle, haute de 1,50 m, qui proviendrait selon lui du temple de Banteay Chmar. Elle était à vendre pour moins de 10 000 dollars.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un temple khmer pillé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Un temple khmer pillé