Rétablissant l’équilibre dans l’historiographie du pays, le Musée national d’Australie propose une approche emblématique de l’histoire australienne. Sur ses propres terres et à l’étranger, l’art aborigène conquiert, ainsi, ses lettres de noblesse.
CANBERRA - "Si l’histoire humaine de l’Australie devait s’inscrire sur le cadran d’une horloge, l’ère de l’homme blanc ne représenterait que les trois ou quatre dernières minutes", estimait dès 1975, le Rapport Piggott. Ce dernier évoquait la création d’un musée consacré aux réalisations de la communauté aborigène depuis 40 000 ans. Incertain jusqu’en 1997, le projet a été finalement voté par la coalition libérale actuelle. 155 millions de dollars australiens (568 millions de francs) ont alors été alloués à la création du musée, en cette année de centenaire de l’État fédéral d’Australie.
Situé sur une péninsule qui avance dans le lac, en plein centre de Canberra, le bâtiment aux formes courbes et aux couleurs lumineuses, a été conçu par Howard Raggatt, de Melbourne. Tel un nœud symbolique, l’édifice illustre, dans son plan, la complexité culturelle du pays tandis que ses arrondis font référence à l’histoire aborigène du "Rêve du serpent arc-en-ciel" qui créa la Terre. Son axe central pointe en direction du site sacré aborigène d’Uluru (Ayers Rock), à plusieurs centaines de kilomètres à l’intérieur des terres. Une des extrémités jaune du nœud surgit devant le musée comme une montagne russe, visible depuis de nombreux points de la ville. Au centre du complexe, le "Jardin des rêves australiens" est un carrefour que traversent les "Chants des rêves" aborigènes, la projection de Mercator et la carte d’Horton fixant les frontières tribales ; c’est également là que se trouvent une “Maison des rêves” et quelques barres bleues, allusion à l’acquisition des Blue Poles de Jackson Pollock.
Plus de 5 000 m2 sont consacrés à l’histoire de la première communauté australienne, à la relation qu’entretiennent les Blancs et les Aborigènes avec la terre, aux expropriations par les Blancs et à la marginalisation des Aborigènes. Gagnant progressivement ses lettres de noblesse, l’art des aborigènes d’Australie est désormais représenté aux Musées de Canberra, de Te Papa en Nouvelle-Zélande, dans le très récent Musée d’Utrecht aux Pays-Bas et trouvera, peut-être, au Musée du quai Branly, un siège idéal.
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Un musée pour l’art aborigène
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°125 du 13 avril 2001, avec le titre suivant : Un musée pour l’art aborigène