Ouvert en décembre, l’Art & Design Atomium Museum est un musée fondé sur une collection privée belge d’œuvres et d’objets en plastique qui datent des années 1950 à nos jours.
BRUXELLES - Cela faisait près de deux décennies que le collectionneur belge Philippe Decelle, 67 ans, rêvait d’un lieu « officiel » pour exposer son exceptionnel fonds de design. C’est aujourd’hui chose faite avec l’ouverture, le 11 décembre dernier, sur le plateau du Heysel à Bruxelles, de l’« Art & Design Atomium Museum » (Adam).
Ce nouveau musée s’installe à deux pas de l’Atomium, dans une partie du bâtiment logeant le Trade Mart Brussels. L’espace a été réaménagé sobrement par les architectes belges Pierre et Pablo Lhoas. La structure répétitive d’origine a facilité l’installation des parois intérieures et le plafond à caissons en béton brut a été conservé tel quel. En revanche, cet édifice entièrement habillé de verre miroir, « quasiment invisible » selon Pierre Lhoas, manquait d’un accès visible côté ouest. Commande a alors été passée à Jean Nouvel pour imaginer une entrée identifiable. L’architecte français, pas au meilleur de sa forme, a ici appliqué le cahier des charges au pied de la lettre, se fendant d’un escalier bariolé façon Luna Park, conçu avec les éléments d’échafaudage. Outre la salle d’exposition permanente, le musée accueille deux espaces de présentation temporaire, des réserves, un auditorium, une cafétéria et une boutique.
Plus de 2 000 pièces dans la collection
Le noyau dur de la collection permanente est l’ancien fonds de Philippe Decelle, constitué par des œuvres d’art, objets et meubles en plastique datant des années 1950 à aujourd’hui. Pourquoi le plastique ? « J’ai commencé à collectionner les objets en plastique en réaction à l’intérieur de style Régence de mes parents, raconte, avec un humour pince-sans-rire, Philippe Decelle. J’ai trouvé ma première chaise sur le trottoir, en 1987, puis, comme le bousier, j’ai continué à accumuler, jusqu’à dépasser les 2 000 pièces. » Ceux qui, tel l’auteur de ces lignes, ont eu jadis l’occasion de visiter le fameux « Plasticarium » de la rue Locquenghien, à Bruxelles, qui est aussi la maison du collectionneur, se souviennent de ses trois niveaux remplis de pièces en Plexiglas, nylon, PVC, néoprène, polycarbonate… Une véritable caverne d’Ali Baba, d’une indubitable cohérence, qui sert aujourd’hui de colonne vertébrale à ce nouveau musée. La salle – 1 500 m2 – ne pouvant accueillir la collection dans sa globalité, celle-ci y sera présentée par roulement, sur un rythme annuel. La sélection actuelle comprend environ 500 pièces, complétées par quelques prêts consentis par des institutions publiques belges et étrangères ou des collectionneurs privés. Le parcours, thématique – « Pneumatique politique », « Fonctionnalisme Pop… » – évoque des moments clés de l’histoire du design, en particulier celui de l’utopie du « tout-plastique » (années 1960-1970). Le visiteur déambule au milieu d’objets usuels aussi bien que de pièces remarquables, tels le vase Bambù d’Enzo Mari, le bureau P.-D.G. de Maurice Calka ou cette étonnante Sphère d’isolement signée Maurice-Claude Vidili, sans oublier l’amusant siège Éléphant de l’artiste Bernard Rancillac (« Il vient directement de chez lui », signale Philippe Decelle).
L’initiative d’un musée du design à Bruxelles revient à l’ASBL Atomium – l’association qui gère le monument éponyme phare de l’Exposition internationale de 1958 –, qui souhaitait développer son activité sur le plateau du Heysel et réaliser des expositions de plus grande ampleur. D’où la création de l’Adam, avec l’acquisition de la collection Decelle pour un montant gardé secret par les deux parties. « J’ai récupéré ma mise », se contente d’indiquer Philippe Decelle. « Financée en majorité par la vente des tickets d’entrée et par la location des espaces de l’Atomium, l’ASBL Atomium dispose d’un budget de fonctionnement de quelque 5 millions d’euros par an, précise Henri Simons, son directeur. Avec l’Art & Design Atomium Museum, celui-ci devrait atteindre les 6 millions d’euros. » Henri Simons espère surtout qu’une partie des 600 000 visiteurs annuels de l’Atomium feront le crochet par ce nouveau musée : « Nous comptons capter quelque 20 % de cette jauge, soit 120 000 visiteurs par an », estime-t-il.
Surface totale : 5 000 m2
Coût des travaux : 880 000 €, dont 80 000 € pour l’aménagement d’un jardin paysager, financés à parts égales par l’ASBL Atomium et la Ville de Bruxelles
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Un musée d’objets… en plastique
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°449 du 22 janvier 2016, avec le titre suivant : Un musée d’objets… en plastique