Mi-musée mi-centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, le Musée de Saint-Quentin-en-Yvelines a rouvert ses portes après déménagement.
MONTIGNY-LE-BRETONNEUX - Le Musée de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) a déménagé. « Il était vraiment très mal placé, cela ne donnait pas envie d’en pousser la porte », explique Maud Marchand, responsable de la recherche et des expositions du lieu, désignant un grand escalier à ciel ouvert bordé de plusieurs bâtiments. C’est sous cet escalier, dans un espace dissimulé et ingrat, qu’était auparavant situé le musée géré par la communauté d’agglomération de SQY. Il a rouvert ses portes le 25 janvier après avoir migré à seulement quelques mètres de son emplacement initial, dans un impressionnant bâtiment de béton des années 1990 rénové pour l’occasion par l’architecte Stanislas Fiszer, bâtiment où se trouvait déjà la médiathèque – réaménagée également – dont il partage désormais l’entrée.
De la préhistoire à nos jours
C’est sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines que subsistent aujourd’hui les ruines de l’abbaye de Port-Royal des Champs, ce haut lieu du jansénisme rasé par Louis XIV en 1712. Plus récemment, Saint-Quentin-en-Yvelines a été touchée par la politique d’ubanisation des zones périphériques. Dans les années 1970, l’État impulse en effet le regroupement de plusieurs communes des Yvelines (Montigny-le-Bretonneux, Élancourt, Guyancourt, Trappes…), pour construire une de ces « villes nouvelles » destinées à décentraliser des activités à proximité de Paris.
De la préhistoire à nos jours, le parcours déroule l’histoire de ce territoire à l’aide de panneaux, films, maquettes, photographies… Le visiteur pourrait se croire dans un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP), lieu de médiation expliquant l’évolution architecturale et paysagère d’un espace donné. Mais quelques objets émaillent le parcours ; ils sont liés au passé local, telle cette plaque de la SNCF des années 1930 témoignant de l’histoire des cheminots de Trappes, mais aussi des objets de design – dont le musée s’est fait la spécialité – qui montrent l’évolution d’un mode de vie standardisé depuis les années 1970.
La constitution de cette collection, qui se poursuit aujourd’hui grâce aux dons et aux acquisitions, a commencé dans les années 1980, sous la forme d’une collecte ethnologique. Le musée était alors un écomusée (un des premiers de France) chargé de conserver les traces du passé sur un territoire en pleine mutation. En 1995 il se dote d’un premier espace permanent. C’est une nouvelle étape importante que signe cette ouverture.
Si le parcours permanent du musée a gagné une cinquantaine de mètres carrés après déménagement, l’espace consacré aux expositions temporaires — qui entendent « décrypter les transformations de la société contemporaine » — a quant à lui diminué. Au vu de la qualité de la petite exposition consacrée au Vintage qui marque la réouverture du lieu, on pourra regretter qu’elle dispose de si peu de place. Cette présentation, qui s’appuie sur les collections de mobilier ou de mode du musée et sur des prêts de particuliers, a vocation à raconter l’engouement pour l’ancien, à travers objets authentiques (vintage) ou pièces récentes dont les lignes s’inspirent du passé (rétro). L’exposition multiplie les bonnes idées : quand elle confronte la célèbre chaise Caterpillar de Verner Panton créée en 1967 à une succession de pièces lui ressemblant fortement afin de distinguer l’original du rétro ou de la réédition. Ou quand elle façonne un intérieur à l’allure très contemporaine, et explique, objet après objet, en quoi cette period room est constituée d’affiches, de lampes, de jouets vintage, ou de pièces revisitant l’ancien. Cette exposition, à la scénographie stimulante, a le mérite d’être à la fois limpide, pointue et ludique. Et gratuite, comme le reste du musée. « Vintage, regard dans le rétro », jusqu’au 8 juillet, entrée libre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un musée de territoire
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Quai François-Truffaut, 78180 Montigny-le-Bretonneux, tél. 01 34 52 28 80, du mercredi au samedi 14h-18h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°473 du 17 février 2017, avec le titre suivant : Un musée de territoire