Sotheby’s New York dispersera cet hiver un ensemble d’œuvres et d’objets d’art français et américains, parmi lesquels des pastels de Manet, Degas et Whistler appartenant au Shelburne Museum. Cette procédure de \"deaccessioning\" vise à constituer une dotation de plusieurs millions de dollars pour financer la conservation des collections du musée, qui a accumulé les budgets en déficit au cours de ces dernières années.
SHELBURNE (VERMONT) - Créé en 1947 par Electra Havemeyer Webb, fille de Henry et Louisine Havemeyer, les célèbres collectionneurs new-yorkais d’art impressionniste, le Shelburne Museum est confronté à une grave crise financière depuis plusieurs années. Il a été contraint de licencier 14 % de son personnel, et même de puiser dans sa modeste dotation de 7,5 millions de dollars (environ 40 millions de francs).
Après avoir étudié plusieurs solutions, le conseil d’administration a décidé en 1995 de vendre une partie de la collection. Les administrateurs ont dressé une liste d’œuvres estimées à 25 millions de dollars, comprenant notamment deux portraits au pastel de Manet, deux pastels de danseuses de Degas, un bronze de sa Petite danseuse, coulé en 1922, une étude au pastel d’un personnage de Whistler, un portrait du XVIIIe siècle attribué à François Drouais, ainsi qu’une quinzaine d’œuvres américaines, dont une vue de Baltimore par Fitz Hugh Lane, un paysage et une étude d’orchidée par Martin Johnson Heade, un paysage allemand par Albert Bierstadt, une scène de bataille par Remington, sept scènes sportives par Carl Rungius et trois représentations de bateaux à vapeur.
Un porte-parole du Shelburne Museum a précisé que Sotheby’s avait offert des garanties plus intéressantes que Christie’s, proposant de surcroît de tenir une vente de charité au moment de la vacation, d’organiser un symposium et de financer une publication du musée. Les œuvres seront réparties au cours des ventes impressionnistes (novembre), d’art américain (décembre) et d’objets d’art américains (janvier 1997).
Mise en garde
Le musée a annoncé que le produit de ces ventes permettra de constituer une dotation, baptisée Collections Care Endowment, qui "servira exclusivement à financer les activités que le musée estime indispensables à la survie de la collection, tant dans l’immédiat qu’à long terme. Ceci inclut la conservation, la restauration, la protection des œuvres et l’enregistrement des données liées à ces travaux", a indiqué le directeur du musée, Brian Alexander.
Certains se demandent néanmoins si tout a été fait pour éviter cette dispersion. Après avoir siégé pendant trente-cinq ans au conseil d’administration, J. Watson Webb, le fils octogénaire du fondateur, a démissionné au mois de janvier en révélant : "Je pense que toutes les possibilités n’ont pas été explorées pour recueillir des fonds". Les musées réprouvent eux aussi la décision prise. Ed Able, directeur exécutif de l’American Association of Museums, a déclaré : "Nous n’avons pas l’habitude de considérer les collections comme des avoirs dont on peut disposer". Et il a mis en garde ceux qui seraient tentés de suivre cette voie : "Dans une période de crise, ceci ouvre la porte à la liquidation du Patrimoine de la nation".
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Un musée américain vend des Degas et des Manet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Un musée américain vend des Degas et des Manet