NEW-YORK (ETATS-UNIS) [28.05.13] – Deux conservateurs du Museum of Modern Art de New York ont redécouvert une œuvre de René Magritte disparue depuis 80 ans. L’œuvre n’avait pas été dérobée, mais dissimulée par le peintre lui même sous une deuxième peinture.
D'après le Artinamerica magazine, le premier indice qui a mis la puce à l’oreille des conservateurs du MoMa, Michael Duffy et Anne Umland, est un détail inhabituel sur une toile de René Magritte : sur l’une des toiles de la collection du musée, « Le portrait » les bords étaient recouverts de peinture. Un cas relativement rare parmi les œuvres de l’artiste qui avait pour habitude de laisser les bords de ses toiles en blanc.
L’inspection de la toile aux rayons X a alors révélé que la couche de peinture visible en dissimulait une seconde. Sous « Le portrait » se cachait un nu féminin dans lequel le conservateur Brad Epley de l’Institut d’art de Chicago a reconnu certaines caractéristiques semblables à celles d’une autre œuvre de l’artiste « La prose enchantée » figurant dans son catalogue raisonné et datée de 1927. Cette œuvre, dont la localisation et le propriétaire n’avaient jamais été mentionnés, avait disparu depuis 80 ans.
Le dessin apparaissant au rayon X ne correspondait pourtant pas exactement au sujet de « La prose enchantée » qui représente deux femmes nues identiques, chacune de part et d’autre de la toile, peintes en pied et avec un bras reposant sur une colonne brisée. La ressemblance étant pourtant intrigante et les conservateurs ont conclu que l’œuvre dissimulée sous « Le portrait » ne serait en réalité qu’un fragment de l’œuvre originelle « La prose enchantée ».
Afin d’étayer cette hypothèse, les conservateurs du MoMa ont continué leurs investigations en recherchant d’autres œuvres de l’artiste de même format pouvant potentiellement dissimuler les fragments manquants de « La prose enchantée ».
Une seconde œuvre, « Le modèle rouge » de 1935, a ainsi révélé un second quart de l’œuvre disparue. Les spéculations des conservateurs ont ainsi été confirmées : « La prose enchantée » n’a pas disparu, mais se trouve éparpillée en quatre quarts sous d’autres toiles de l’artiste.
Cette redécouverte n’est pas anodine pour les conservateurs car « La prose enchantée » est une œuvre à part dans la carrière de l’artiste. Peinte en 1927, elle avait été acclamée par la critique et le public lors de son exposition à la galerie bruxelloise Le Centaure. Cette œuvre était également passée entre les mains du musée des Beaux Arts de Bruxelles comme en atteste une lettre de 1932 adressée à l’artiste. Pour quelle raison une œuvre aussi appréciée du vivant de l’artiste a-t-elle subi pareil destin ? Les conservateurs ne peuvent que spéculer sur son histoire. Le peintre se serait-il lassé de sa toile et de son sujet ? Aurait-elle pâti des déménagements successifs de l’artiste entre 1927 et 1935 ? René Magritte l’aurait-il réutilisé faute de matériel suffisant ?
A ce jour, la moitié de l’œuvre disparue a donc été retrouvée et localisée ; l’autre moitié toujours manquante préoccupe encore les conservateurs qui peinent à identifier les œuvres potentiellement « porteuses » de ces fragments manquants. La perspective de les retrouver s’avère complexe car le format des œuvres recherché est assez répandu et le précieux trésor pourrait également se trouver dans une collection privée, compliquant ainsi sa localisation.
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Un Magritte peut en cacher un autre
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