Un consortium géant marocain, ONA, va doter le Maghreb d'un important musée.
CASABLANCA - La construction d'un nouveau centre d'art contemporain à Casablanca, au cœur d'un très important complexe commercial dessiné par l'architecte Riccardo Bofill, débutera au mois de juillet. Œuvre de la société Bouygues, le centre est financé par le groupe ONA, le plus important holding, en dehors de l'Afrique du Sud, sur le continent africain. Entre autres, ONA gère des mines de charbon, des produits de pêche, des moyens de communications audiovisuels, ainsi que la Banque commerciale du Maroc. Créée en 1988 par le groupe ONA pour promouvoir divers projets sociaux, dont le centre d'art contemporain, la Fondation ONA a déjà acquis quelque deux cents œuvres, et pourra aussi avoir accès à deux cents autres qui appartiennent au holding. D'ici son ouverture, prévue pour la fin 1996, le centre, selon l'un de ses principaux responsables, Tania Bennami-Smires, devra s'enrichir d'au moins un millier de tableaux et de sculptures d'artistes arabes, des années soixante à aujourd'hui. L'année dernière, la Fondation a acquis soixante-dix œuvres du seul peintre Gharbaoui, reconnu comme étant le premier artiste marocain de sa génération, et mort dans la misère à Paris en 1971 : "On n'a pas eu envie de faire un musée statique. Il y a aura beaucoup de projets différents, beaucoup d'animations au Centre", nous a confié Tania Bennami-Smires.
Le Centre de Casablanca ne se cantonnera donc pas à la présentation d'une collection permanente, aussi prestigieuse soit-elle. Conseillé depuis son lancement en 1990 par Brahim Alaoui, directeur de l'unité art contemporain à l'Institut du Monde Arabe à Paris, le centre prévoit de travailler en collaboration avec de grands musées européens, notamment dans le domaine de la formation, de la coproduction et de l'échange d'expositions.
Beaucoup plus qu'un lieu de conservation
"Les fondateurs voulaient d'abord créer un musée pour présenter une collection, mais mon idée était de faire beaucoup plus qu'un lieu de conservation, et de créer un lieu avant qui saurait s'adapter à l'avenir - il faut promouvoir l'art contemporain au Maroc, tout en servant de pont entre l'art local et l'art intemational", nous a confié M. Alaoui, qui, à plus long terme, veut également établir des satellites régionaux du centre - des résidences pour artistes, dans des maisons nouvellement restaurées. Très orienté vers des expositions temporaires, le centre d'art contemporain de Casablanca entretiendra des rapports étroits avec des musées du monde occidental. François Barré, président du Centre Georges Pompidou, a donné son accord de principe pour des échanges d'expositions et pour la formation à Paris de conservateurs stagiaires du Maroc.
Le CAPC, Musée d'art contemporain de Bordeaux, quant à lui, a déjà proposé de prêter une partie de sa collection permanente à l'institution marocaine pour des expositions temporaires : "Notre musée est, aussi, prêt à collaborer avec la Fondation ONA pour la constitution de sa collection", nous a indiqué Abdellah Karroum, assistant pour les expositions à Bordeaux. Construit sur trois mille cinq cents mètres carrés, le centre d'art contemporain comprendra un auditorium de deux cents places pour des conférences et des spectacles, un restaurant et une cafétéria, ainsi que des bureaux d'administration, d'archives et de documentation audiovisuelle.
Le muséographe et architecte Patrick O'Byrne, du cabinet d'architectes parisien O'Byrne-Pecquet-C.A.F.E., qui a travaillé au musée d'Orsay, au musée Picasso et au Centre Georges Pompidou, a commencé il y a deux ans à élaborer un avant-projet pour le Centre, avant de procéder à la mise au point, avec l'accord de Bofill, de tous les aménagements intérieurs. Jean Dufour du Centre Pompidou, est consultant pour la mise en place d'un système informatique et audiovisuel.
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Un centre d'art pour Casablanca
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : Un centre d'art pour Casablanca